Betteraves : la profession agricole face au préfet.
La mobilisation sur le dossier des néonicotinoïdes se poursuit avec une visite du préfet de l’Eure sur le terrain le 1er septembre dernier.
Lundi 31 août, les députés de l’Eure étaient invités à constater les difficultés de la filière betterave-sucre (voir l’Eure agricole et rurale du 3 septembre 2020). Mardi 1er septembre, le préfet de l’Eure accompagné de la sous-préfète des Andelys et du directeur départemental de la DDTM, étaient reçus à Gamaches-en-Vexin, sur l’exploitation agricole d’Estèphe et Alexandre Quillet ; ce dernier est également président de la CGB Eure et de l’ITB. Fabrice Moulard, président de la FNSEA27, Gilles Lievens, président de la chambre d’agriculture de l’Eure, avec Anne-Laure Marteau, Paul Lannoy et Renaud Fatras, administrateurs du syndicat betteravier, complétaient la délégation agricole et Alain Masereel, directeur de la sucrerie d’Etrépagny, représentait Saint-Louis Sucre.
PERTE DE MOYENS
Les représentants agricoles ont expliqué et rappelé comment la culture de la betterave a été conduite dans une impasse technique depuis la loi votée en 2016 sur la biodiversité, avec l’interdiction de l’utilisation des néonicotinoïdes à partir de la campagne 2019 : cette interdiction a été synonyme de perte de moyens pour lutter efficacement contre les pucerons vecteurs de la jaunisse virale, qui touche en 2020 toutes les parcelles de betteraves du département et de la France betteravière. Le préfet a pu ressentir tout le désarroi des agriculteurs confrontés à une crise sanitaire inédite, dans un contexte où il n’existe pas d’alternative pour protéger la culture, de la jaunisse virale. Rappelons, que depuis l’application de l’interdiction, les agriculteurs sont conduits à utiliser des traitements insecticides en pulvérisation (Teppeki - flonicamide et Movento - spirotétramate). Ils peuvent aller jusqu’à 4 traitements en plein champ, sans pouvoir forcément protéger efficacement leurs betteraves. Pour ce qui est des traitements de semences restant autorisés, ils contiennent un enrobage de téfluthrine, qui ne permet pas de lutter contre les pucerons vecteurs de la jaunisse, mais uniquement contre les ravageurs souterrains (taupins, blaniules, atomaires et tipules).
PLAN D’ACTION GOUVERNEMENTAL
Le gouvernement a annoncé le 6 août son soutien à la filière pour « retrouver une souveraineté alimentaire française ». Leplan d’action gouvernemental s’articule autour de 6 axes et sera suivi par un délégué interministériel à la filière betterave-sucre et par une instance co-présidée par les ministres de la Transition écologique et de l’Agriculture. Une proposition de modification législative est annoncée pour cet automne, seule solution pour revenir sur l’impasse introduite par la loi Biodiversité avec pour thème principal une autorisation d’usage dérogatoire des néonicotinoïdes sur les betteraves. Des indemnisations pour les producteurs, de l’investissement dans la recherche, des plans de prévention des infestations par les ravageurs, des engagements des industriels sur la pérennisation de la filière sucrière et un plan de protection des pollinisateurs forment les autres axes du plan d’action. Après avoir été présenté le 3 septembre en conseil des ministres, le projet de loi visant à autoriser l’utilisation de néonicotinoïdes pour les betteraves à sucre, a été déposé le jour même sur le bureau de l’Assemblée nationale, conjointement par la ministre de la Transition Ecologique et le ministre de l’Agriculture. Il devrait être discuté en commission économique le 23 septembre avant un débat et son adoption, en séance, dans l’hémicycle, le 5 octobre. Le gouvernement a précisé que la dérogation vaudra pour les années 2021, et 2022 – 2023 si pas d’autres alternatives efficaces. Elle sera soumise à un arrêté qui sera pris conjointement par les deux ministères : Agriculture et Transition écologique. Ce projet de loi subit les assauts des écologistes qui utilisent tous les moyens (fausses vérités et mensonges compris) pour tenter de défendre leurs arguments.