Climat : une Normandie inégale face au réchauffement.
Le réchauffement climatique est une réalité et un phénomène mondial. Son impact se fera cependant ressentir de manière très différenciée, y compris sur un territoire comme la Normandie.
« Face au changement climatique, nos agriculteurs sont déjà en marche pour des pratiques moins impactantes ». Anne-Marie Denis, présidente de la FRSEA Normandie, à l’occasion d’une conférence initiée jeudi dernier à Caen par le syndicalisme régional, a d’emblée recontextualisé le débat. A la tribune : Olivier Cantat, Daniel Delahaye et Sophie Brunel-Muhuet, membres du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) normand. En salle : des agriculteurs et représentants d’OPA (Organisation Professionnelle Agricole), mais aussi Laurent Beauvais (ex-président de Région) et Christophe Blanchet (député du Calvados) à l’écoute attentive.
de + 1,1 à + 3,3° c
Si les oiseaux de mauvais augure tiennent un discours anxiogène et clivant, les représentants du GIEC font preuve de plus de pondération : « le changement climatique, ce n’est pas que de la morosité ». Paroles d’experts !
C’est que, en l’état actuel des connaissances (+ 0,6 oC de moyenne au XXe siècle, 2020 l’année la plus chaude avec + 1,25 oC en attendant le verdict 2021), le voyage dans le futur est plus aléatoire. D’ailleurs, dans un monde parfait où la COP 26 (26e conférence organisée par l’Organisation des Nations Unies pour le climat du 1er au 13 novembre dernier) aurait accouché d’une réelle ambition pour la planète, la problématique du réchauffement se serait posée sous un tout autre angle. Mais Glasgow s’est soldé par un échec. Reste donc à spéculer sur l’avenir selon deux scénarii : optimiste ou pessimiste selon que l’on voit (ou boit) la bouteille à moitié pleine ou à moitié vide. Le scénario optimiste, c’est + 1,1 oC en 2100. Le pessimiste : + 3,3 oC, « celui vers lequel on tend ».
Tous dans le cotentin
En cette année 2100, c’est dans le Cotentin qu’il fera le mieux vivre en Normandie, d’autant plus dans le scénario pessimiste. Les experts du GIEC sont formels, l’effet maritime va tamponner le réchauffement. C’est vrai pour toute la côte normande, mais encore plus pour cette partie de la Manche balayée par les embruns venant de l’est, du nord et de l’ouest.
Les conséquences agricoles seront positives (avec un climat encore plus poussant) ou négatives ( avec une salinisation de la nappe phréatique due à la montée du niveau de la mer), mais l’occasion est trop belle pour anticiper aujourd’hui les attentes sociétales de demain. Dans une France où l’on va dépasser de façon courante les 40 oC, voire les 45 oC, le Cotentin va vite devenir un havre de paix climatique. Les touristes vont affluer, les résidences secondaires fleurir et même les résidences principales dans un futur proche où le télétravail pourrait presque se normaliser, enfin pour certaines professions. La pression foncière risque de s’exacerber et il est peut-être prudent d’entretenir à minima le bâti existant.
A contrario, le Vexin, le plateau du Neubourg, les plaines d’Argentan-Sées-Alençon risquent de se brûler les ailes. Six semaines de chaleur supplémentaire par an (plus de stress hydrique, plus de risque d’échaudage), 3 jours de pluie en moins (version optimiste) à 3 semaines (version pessimiste), moins de jours de vernalisation (...), les pratiques culturales devront d’autant plus s’adapter que les terres seront légères. Les animaux vont souffrir aussi.
Des solutions existent cependant et la ferme Normandie n’est pas restée les deux pieds dans le même sabot. Elles seront dévoilées le 16 décembre prochain à la CRAN à 14 h lors d’un colloque live : « Agriculture et changement climatique : agissons ensemble dès maintenant ».
Alors à vos agendas !