Cop 26 : la grande muraille verte sur les rails.
La Conférence des parties des Nations unies contre le changement climatique (COP 26) a officiellement ouvert ses portes le 1er novembre à Glasgow (Ecosse). Des centaines de chefs d'Etat et de Gouvernement y participent aux côtés d'environ 40 000 personnes. Une première décision d'importance a été prise : la création d'une grande muraille verte en Afrique.
Reprenant les conclusions de l'Accord de Paris en 2015, la COP 26 s'est engagée à ce que le seuil du réchauffement climatique ne dépasse les 1,5 °C au cours du siècle. Elle souhaite aussi réduire de 45 %, d'ici à 2030, les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). Enfin pour se placer sur une trajectoire permettant d'atteindre « zéro émission nette » en 2050, les émissions mondiales de CO2 devraient tomber à un niveau de 25 milliards de tonnes par an d'ici à 2030, avant de poursuivre leur déclin. Mais selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), la planète a déjà gagné environ 1,2 °C et le seuil de 1,5 °C pourrait être atteint dès 2030. Par ailleurs, le chiffre de 25 gigatonnes en 2030 risque de ne pas être atteint : le GIEC estime qu'en 2020, les 7,7 milliards d'humains rejetaient encore près de 60 gigatonnes (59,1 exactement).
100 millions d'ha
En attendant la réalisation de ces objectifs, la COP 26 a décidé la création d'une grande muraille verte pour le Sahara et le Sahel (GMV). En réalité, ce projet a déjà été présenté en 2002 par l'Union africaine avant d'être officiellement lancé en janvier 2007. L'idée est de créer une mosaïque d'écosystèmes verts et productifs (notamment agricoles et forestiers) sur une ligne partant de Dakar (Sénégal) et allant jusqu'à Djibouti. Cette GMV, large de 15 km et s'étalant sur 7 800 km, doit passer par onze pays, représentant une superficie de 117 000 km2, soit 11,7 millions d'ha. L'objectif étant à terme d'étendre ce projet à 100 millions d'ha.
Le président Emmanuel Macron semble lui-même convaincu de ce projet pharaonique qui suscite pourtant des critiques sur sa stratégie et son utilité. Il y voit « une initiative essentielle qui doit permettre de lutter contre la désertification et de proposer des solutions économiques », a-t-il déclaré le 1er novembre à la tribune. La GMV qui n'est à ce jour réalisée qu'à 15 %, doit permettre la séquestration de 250 millions de tonnes de carbone et de créer dix millions d'emplois. « Avec les efforts concertés de tous les dirigeants africains, je suis optimiste que l'ambition de l'Afrique de restaurer plus de 100 millions d'hectares de paysages dégradés pour une agriculture productive est réalisable », a souligné de son côté le président du Nigeria Muhammadu Buhari. Il a en outre rappelé que l'une des principales recommandations du quatrième sommet sur la biodiversité, organisé par le Gouvernement français à Paris, en France le 11 janvier 2021, était l'engagement de 19,6 milliards de dollars (Md$) par la communauté internationale pour la mise en oeuvre de cette GMV.
Sur ces presque 20 Md$, près de la moitié, 48 %, « ont été engagés », a confirmé le chef de l'État français. La France a d'ores et déjà budgété 120 millions d'euros par an sur les cinq prochaines années.