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Dérobées de printemps : elles ont tout bon, ou presque.

C’est sous un ciel gris que s’est tenue la rencontre « dérobées de printemps » organisée par le groupe fourrages des Chambres d’agriculture de Normandie. Le rendez-vous a permis la présentation de différents mélanges protéiques, mercredi 30 mars, près de Vire (14).

Claire Caraes et David Delbecque ont présenté 13 mélanges
différents sur la parcelle d’essai.
Claire Caraes et David Delbecque ont présenté 13 mélanges
différents sur la parcelle d’essai.
© DR.

Malgré une météo quelque peu chaotique, une trentaine d’exploitants a fait le déplacement, mercredi 30 mars, dans le Bocage virois. La porte ouverte, organisée par les Chambres d’agriculture de Normandie, a été consacrée aux dérobées de printemps et à leurs valeurs alimentaires. Elle a été accueillie par l’EARL du Tour de Vire, à Souleuvre-en-Bocage. Installés en polyculture élevage, Yann Jardin et Stéphane Amand, ont 200 vaches laitières qui produisent 974 000 litres de lait par an. Sur leurs 156 ha, ils cultivent 64 ha de maïs ensilage, 24h de triticale, 10 ha de lupin bleu de printemps et 10 ha de trèfle.

 

QUELS INTERETS AUX DEROBEES DE PRINTEMPS ?

« On a une terre assez séchante et un sol plutôt superficiel », introduit Stéphane Amand. Le fond de la parcelle est argileux. C’est sur ce terrain que le groupe fourrages a implanté une parcelle d’essais avec 13 combinaisons répétées trois fois. « Depuis le départ, nous voulions être assez autonomes et produire le maximum de protéines, pour être le moins dépendants possibles des marchés », confirme l’agriculteur. C’est donc naturellement que l’EARL du Tour de Vire a choisi d’investir dans les dérobées de printemps à raison de 22 ha de ray-grass italien (RGI), de 17 ha de trèfle incarnat et de 4 ha de seigle.

En intercultures, les dérobées permettent de structurer le sol, de maintenir l’humidité pour le maïs et d’éviter l’évapotranspiration. Elles favorisent la facilité d’implantation de la culture suivante. En plus de servir de couvert, « l’intérêt numéro un des dérobées, c’est d’apporter du fourrage à son troupeau pour l’hiver […] surtout après un été sec où les stocks sont mis à mal », explique Claire Caraes, chargée de projets fourrages pour les Chambres d’agriculture de Normandie.

 

RGI ET TREFLE INCARNAT, MEILLEUR COMPROMIS

Parmi les essais menés, la combinaison du RGI et du trèfle incarnat - 14 kg/ha chacun - se révèle être le meilleur mélange implanté, car il présente une hauteur en sortie d’hiver d’environ 20 cm et une bonne complémentarité, en ne nécessitant que 30 unités d’azote - contrairement au RGI seul qui requiert 90 unités d’azote. « Sur des rotations céréalières, le ray-grass peut revenir plus facilement alors que le trèfle annuel ne va pas avoir cette contrainte. Il faut bien décompacter », reconnaît Stéphane Amand. Le rendement moyen est observé autour de 5,2 tonnes MS/ha pour un coût de la culture de 87 Ä/t. Les dérobées de printemps conviennent aussi bien aux zones humides, qu’intermédiaires ou séchantes, afin de « maximiser le rendement après le maïs ». La clé selon les Chambres : ne pas semer trop tard, début septembre plutôt qu’à la fin du mois de septembre.

 

DES COUTS RENTABILISES

Si l’été 2021 a été très humide, favorisant le stockage des fourrages, l’été 2022 est incertain côté météo comme du côté des marchés, avec la fluctuation des prix. Les dérobées présentent un vrai coût : « apportées à la tonne de matière sèche, on est autour des 90 Ä par hectare », relève Claire Caraes. L’experte nuance cependant : « finalement, par rapport à un sol nu où le maïs va être pénalisé, c’est plus avantageux. Si on arrive à avoir une dérobée économique, c’est un bon compromis ! » Le prix des aliments étant en forte hausse depuis la fin de l’année 2021 et ayant grimpé avec la crise ukrainienne, elle constate : « l’avantage d’une dérobée aujourd’hui, au coût de la protéine, c’est-à-dire du taux de MAT (Matière azotée totale), c’est intéressant. Les tourteaux sont très très chers. Ça explose avec plus de 700 euros la tonne. »

 

LE GROUPE POUR AVANCER

Au total, on dénombre 36 GIEE* actifs en Normandie, lesquels travaillent sur des thématiques diverses comme celle des fourrages et de l’autonomie alimentaire. « Trois groupes sont implantés dans le secteur de Vire », ajoute Sarah Cavenel, conseillère pour les Chambres d’agriculture. « Pour pouvoir avancer ensemble, c’est toujours positif, remarque David Delbecque, responsable de l’antenne de Vire. Le but, c’est de s’appuyer sur des agriculteurs moteurs. »


* Groupement d’intérêt économique et environnemental.

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