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« Donnez-nous les moyens de produire. »

L’association générale des producteurs de blé et autres céréales (AGPB), l’association générale des producteurs de maïs (AGPM), la fédération française des producteurs d’oléagineux et de protéagineux (FOP) et la confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) ont appelé, le 17 septembre, dans un communiqué de presse le gouvernement à prendre rapidement un plan d’urgence exceptionnel pour les grandes cultures.

Qu’il s’agisse de grandes cultures, de la betterave ou des protéagineux, toutes les filières attendent des mesures
d’aide d’urgence du gouvernement.
Qu’il s’agisse de grandes cultures, de la betterave ou des protéagineux, toutes les filières attendent des mesures
d’aide d’urgence du gouvernement.
© JC GUTNER

« Depuis huit ans, nos revenus stagnent, en moyenne, à 6 000 euros par an après déduction des cotisations de la mutualité sociale agricole (MSA) et avant impôt. Depuis huit ans, nous sommes en moyenne à 500 euros par mois. Quelle profession accepterait ça ? Nous sommes à bout de souffle », s’inquiète Eric Thirouin (AGPB). Avec ses trois autres homologues présidents (Arnaud Rousseau-FOP ; Frank Sander-CGB et Daniel Peyraube-AGPM) représentants des grandes cultures, il a diffusé un communiqué en forme de « cri d’alarme ».

Force est de reconnaître que les grandes cultures ne sont pas fameuses cette année : « Pour le tournesol, les retours des premiers battages sont très médiocres malgré une augmentation des surfaces parce que beaucoup n’ont pas pu ensemencer en colza », explique Arnaud Rousseau (FOP). Il s’inquiète d’ailleurs de la baisse des surfaces qui sont passées de 1,6 millions ha en 2017, à moins d’un million en 2020. Si l’on ajoute une récolte faible (30 qx/ha) avec des « écarts types importants pouvant varier de 10 qx/ha à 50 qx/ha », ajoute-t-il, la situation devient délicate.

 

ACCUMULATION DES CONTRAINTES TECHNIQUES

Même son de cloche du côté des producteurs de maïs et des betteraviers. Selon Daniel Peyraube (AGPM), « nous sommes en limite de rupture d’équilibre financier ». Pour lui, les années passent et « on accumule les contraintes techniques » qui ont directement un impact sur l’économie de la filière « grandes cultures » et sur le revenu des agriculteurs. Ces contraintes techniques pour lesquelles il n’existe pour l’heure pas de solution alternative efficace, ce sont bien sûr les néonicotinoïdes mais aussi le Phosmet en cours de « ré-approbation » auprès des instances européennes. Cet insecticide organophosphoré est utilisé pour lutter contre les insectes nuisibles sur les plantes ornementales et sur une grande variété de cultures agricoles. Il faut « éviter sa disparation qui aurait des conséquences irréversibles sur la filière colza avec une baisse des surfaces supplémentaire de 200 à 300 000 ha », explique Arnaud Rousseau (FOP).

 

VALEUR AJOUTÉE

Ce qui agace encore plus les quatre associations, c’est l’impression de ne pas être entendues. « Ça fait plusieurs fois que nous demandons ce plan d’urgence, que nous réclamons des cellules de crise départementales, mais on n’a toujours rien », se désole Eric Thirouin (AGPB). « Et sur des sujets techniques, on ne se fait pas entendre. On est sur des principes et des a priori qui ne sont pas scientifiquement prouvés », rappelle Daniel Peyraube faisant allusion à l’impasse totale de la maïsiculture pour lutter contre les mouches. Or ces associations avancent des propositions. « Nous voulons que l’on nous donne les moyens de produire […] pour assurer la souveraineté alimentaire française et européenne », plaident Arnaud Rousseau et Eric Thirouin. « Il faut préserver notre capacité de production […] Nos cultures sont créatrices de valeur ajoutée (amidon, biocarburants, etc…) et elles fixent de l’emploi sur le territoire. Nous avons un vrai maillage sur le territoire, avec une économie locale réelle. L’économie circulaire, on la fait déjà ! », martèle Daniel Peyraube. Pour l’AGPM comme pour les trois autres organisations, l’acte de production est également une solution à l’indépendance et à l’autonomie qui sont inscrits dans le plan de relance : « Moins on produira, plus on sera dépendant des importations et des conditions environnementales des autres pays », conclut Eric Thirouin.

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