Du blé dans les assiettes en plastique.
Situé dans la banlieue caennaise (14), Natureplast est leader dans la fabrication de bioplastiques et l’incorporation de coproduits. Depuis deux ans, son activité prend de l’ampleur. Elle attire l’attention des industriels comme Agrial, récemment entré à son capital, qui expérimente la création de produits à base de blé.
Basée près de Caen, la société Natureplast est spécialiste en bioplastique, soit un matériau biosourcé et/ou biodégradable. « Nous sommes les seuls en France à faire ce travail de développement », se réjouit Guillaume Lebouteiller, responsable technique. Fondée en 2006, la société expérimente depuis 2015 l’incorporation de coproduits. Un pied à la fois dans la production et dans la recherche, Natureplast travaille sur une diversité de matériaux : huître, karité, pneu, pépin de raisin, lin, chanvre, miscanthus, etc. « A chaque étape de production, il y a des déchets générés », décrit le responsable technique, ingénieur chimiste de formation. Ce sont les industriels qui sollicitent Natureplast, pour « apporter une valorisation à un déchet, si possible dans une économie circulaire ».
Le blé, un coproduit parfait
« Jusqu’en 2019, nous n’étions que six, retrace Guillaume Lebouteiller, depuis, nous sommes quatorze ». Entre temps, une conscience écologique a soufflé sur les industriels, soucieux aussi de proposer des produits à impact environnemental moindre que le plastique, devenu le mal aimé de la planète. « On a prouvé qu’on pouvait réduire l’impact sur l’environnement jusqu’à 20 % avec l’ajout de coproduit dans les polymères », se félicite le chimiste. Entrée au capital, Agrial expérimente la création de produits à partir de ses déchets, en vue de réaliser des pièces pour agriculteurs : isolants de clôture électrique, assiettes, jardinières. « On récupère les écarts de tri dans les stations de semences », enseigne Guillaume Lebouteiller. Le plastique s’associe mal avec des produits trop humides, « le blé à 12 degrés d’humidité, c’est parfait ».
Anas de Bourguébus
L’approvisionnement des matières se fait en local, anas de Bourguébus (14), chanvre de la Manche, coquillages de Normandie et de Bretagne. « Ce serait un non-sens de faire venir des fibres de l’autre bout de la planète, quand on sait le nombre de déchets qu’on a chez nous. » L’utilisation de coproduits répond au besoin de réduire le plastique sans utiliser les « matériaux nobles ». La canne à sucre ou l’amidon « entrent en concurrence avec des usages en alimentation humaine ou animal, c’est ce qui dérange ». Depuis quatre ou cinq ans, un effort général est fait pour valoriser les déchets et les réduire à la source. « Le plastique reste le matériau le plus cadré pour la sécurité alimentaire, mais il faut essayer d’en faire mieux. Les produits qu’on propose peuvent faire partie de la solution ». Avec Agrial, L’équipe fait des tests pour réaliser des emballages alimentaires et des films agricoles biodégradables. Voués à être perdus, ils ne doivent perturber ni la faune ni l’eau. « En agriculture, ça peut être des films de paillage. Comme ça on ne les ramasse pas et on ne paie pas pour les jeter ».