« En pâturage tournant, il faut être rigoureux ! »
Pratiques de pâturage mises en place pour les bovins dans le
lycée agricole du pays de Bray (76).
Située dans le pays de Bray, l’exploitation du lycée agricole de Brémontier-Merval s’étend sur une surface de 117 hectares. Elle emploie 7,5 salariés qui travaillent sur les activités de transformation de lait et de pommes. La ferme est connue pour ses produits locaux, vendus sous le sigle de l’agriculture biologique (Neufchâtel fermier AOP, jus, cidre, pommeau et Calvados). La ferme a opté pour le pâturage tournant afin de valoriser au mieux les surfaces en herbe. La stratégie est de rechercher une productivité de l’herbe élevée, celle des animaux est plus secondaire. En effet, le nombre de vaches n’est pas un souci, puisque c’est la surface en herbe qui est le facteur limitant. Les éleveurs recherchent l’intensivité sur la valorisation de l’herbe, ce qui peut conduire à une production laitière par animal plus faible. Les vaches reçoivent entre 100 et 150 kg de concentrés par an et par animal. L’objectif est de produire un maximum de lait par hectare sans concentrés ni achats extérieurs, donc les exploitants se doivent d’être rigoureux dans la gestion du pâturage. Cela fait 3 ans que les vaches pâturent de cette manière et la productivité à l’hectare est meilleure. Dans un contexte où le changement climatique entraîne des étés plus secs, le but est de limiter le chargement aux alentours de 1,3 UGB/hectare pour rester autonome.
QUELQUES DONNÉES ÉCONOMIQUES
Les 85 vaches laitières produisent entre 340 et 360 000 litres de lait par an soit 4 200 litres de moyenne économique par vache environ. En 2019, la marge brute du lait atteignait 525 € / 1000 litres (sans prendre en compte la transformation). 30 % du lait est vendu chez Biolait et 70 % est transformé avec un prix fixe de 550 € / 1000 litres en cessions internes. La marge nette était de 110 € / 1000 litres de lait. Enfin, la mise en place des chemins, des clôtures et des points d’eau a coûté environ 500 € / ha aménagé. L’exploitation souhaite communiquer sur ses chiffres puisque si l’on ne prend en compte que les critères techniques, ils peuvent être considérés comme « hors normes ». L’approche globale et cohérente est privilégiée. « Puisque notre stratégie est basée sur le minimum d’intrants, en système tout herbe et en agriculture biologique, les vaches pâturent jour et nuit depuis le 18 mars. Il s’agit d’un pâturage à 100 % puisqu’il n’y a pas d’apport de concentré ni de fourrage à l’auge. Seulement 2 à 3 kg de MS de foin/vache ont été distribuées les matins où les gelées étaient plus marquées. Les vaches laitières restent 24 à 48 heures par paddock. Les génisses, y compris les plus jeunes qui viennent d’être sevrées, sont également en 100 % pâturage, jour et nuit. Elles sont aussi en pâturage tournant, avec des temps de séjour de 7 à 10 jours et un temps de retour de 45 jours environ, afin de gérer le parasitisme et d’obtenir des croissances suffisantes. Les 3,5 km de chemins stabilisés ont été d’une réelle utilité pour sortir tôt et accéder aux paddocks les plus portants », témoigne Bertrand Cailly. La production de cet atelier varie entre 17 et 20 litres / VL / jour à 36 g / L de taux protéique et 45 g / L de taux butyreux. « La pousse avec le froid est fortement ralentie (environ 15à 20 kg de MS / j / ha selon le type de prairie). Avec le temps sec qui s’installe, les conditions de pâturage sont bonnes, mais nous n’avons pas de visibilité sur les parcelles qui seraient à faucher puisque la pousse est faible. Nous devons anticiper dès maintenant un allongement du temps de retour pour ne pas faire d’accélération à contretemps et ne plus avoir d’herbe à pâturer dans quelques semaines sous prétexte de vouloir réaliser des stocks ».