En septembre, semer et produire des fourrages pour cet automne.
En ce début septembre, quelles sont les solutions possibles pour combler, au moins en partie, le déficit fourrager ?
2020 a donc été une nouvelle année atypique. Mais depuis mi-août, des températures plus clémentes et des pluies éparses ont permis aux prairies de redémarrer. Toutefois les plantes ont besoin de se reconstituer et supporteront mal un surpâturage. Les cultures dérobées fourragères sont une des solutions pour reconstituer des fourrages. Une trentaine d’espèces, théoriquement, sont utilisables, mais en ce début septembre, certaines ne sont plus à préconiser car exigeantes en chaleur. C’est le cas des sorghos, du moha, du millet. D’autres sont aussi à éviter car elles ne passeront pas l’hiver et si on veut en tirer parti au maximum, il faut les semer plus tôt. C’est le cas du trèfle d’Alexandrie, des pois de printemps et des vesces de printemps.
SE POSER LES BONNES QUESTIONS POUR SEMER LES BONNES ESPÈCES
Il reste encore des solutions : les ray-grass d’Italie, les brassicacées (colza fourrager, chou, radis fourrager, navet fourrager, la navette fourragère), les céréales, les pois et vesces d’hiver, le trèfle incarnat.
Pour choisir les espèces à utiliser, il y a quelques questions clés à se poser : pour quel usage et où se situe la parcelle ? Est-il envisageable de faire pâturer ? A quelle période : dès l’automne, en hiver (ovins), tôt au printemps ? Si le pâturage n’est pas envisageable, comment récolter, de quel matériel dispose-t-on ? Est-ce une récolte quotidienne (affourragement en vert) ou pour stockage (ensilage ou enrubannage) ?
L’on peut aussi envisager de semer plusieurs de ces espèces qui se trouveront alors complémentaires en cas de contraste climatique ou si elles poussent à des périodes différentes.
Il convient également de penser que certaines plantes sont détruites par l’exploitation (les brassicacées), alors que d’autres repoussent (céréales si l’épi n’a pas décollé, ray-grass d’Italie). Attention, si l’on souhaite semer un mélange d’espèces pour qu’elles produisent endécalé, il faut additionner les doses de semis. Par contre, lorsque le choix se porte sur une production simultanée, le semis doit être au prorata de chacune des espèces.
LES SOLUTIONS…
L’on peut donc envisager les scénarios suivants :
- pour faire pâturer avant l’hiver : les ray-grass d’Italie, l’avoine rude ;
- pour faire pâturer tard à l’automne et en hiver : chou, colza, navet, navette, seigle, les ray-grass d’Italie, l’avoine rude ;
- pour faire pâturer tôt au printemps : les ray-grass d’Italie, le trèfle incarnat, les seigles, le spois et vesces d’hiver, les choux ;
- pour faucher avant l’hiver : les ray-grass d’Italie exclusivement alternatifs et de courte durée, l’avoine rude ;
- en affourragement en vert avant l’hiver : les ray-grass d’Italie de préférence alternatifs, l’avoine rude, les colzas fourragers, les choux ;
- pour faucher au printemps : les seigles, triticales, ray-grass d’Italie, pois et vesces d’hiver, trèfles incarnats.
Les cas de figure sont nombreux, de même que les espèces. C’est pourquoi le GNIS met à la disposition de tous une réglette.
PRÉVOIR AUSSI DU SURSEMIS DE PRAIRIE
A cette date, il est encore envisageable de réaliser des sursemis d’espèces rapides d’implantation : ray-grass anglais, mais aussi ray-grass d’Italie ou hybride. Même si ces 2 espèces sont peu pérennes, elles peuvent convenir pour une situation d’urgence. Il existe aussi quelques références de sursemis de colza fourrager, navette et navet en prairie, mais cela sous-entend la destruction de la prairie initiale par étouffementet la nécessité de ressemis de la prairie au printemps, ce qui représente une opportunité de choisir une flore mieux adaptée à ses besoins et contraintes. Quelques points clés pour réussir le sursemis : intervenir sur une végétation rase, ouvrir le sol avec un outil à disques ou à dents, loger la graine à 1 cm dans la terre franche (et pas dans la matière organique que l’on trouve en surface), rouler avec de préférence un rouleau cranté et surveiller la levée. Que l’on soit en cultures dérobées ou en sursemis, deux points sont essentiels : la qualité de la semence et la qualité de l’implantation. Ces techniques dépendent de la disponibilité du matériel sur l’exploitation ou localement, ce qui permettra également limiter les coûts.