La betterave à sucre, une filière noble sur la bonne route.
Malgré une campagne betteravière jugée catastrophique, l’usine Saint-Louis d’Étrépagny a organisé un nouveau plan de circulation.
La Normandie est la 4e région française productrice de betterave à sucre. Avec 13 000 hectares soit 3 % des surfaces agricoles du département, 980 planteurs et l’usine Saint-Louis d’Étrépagny, le département de l’Eure en est le chef de file. Alors, 200 000 tonnes de sucre sont traitées par an, mais « des récoltes dans nos champs, nos routes sont impactées et celle de la betterave n’échappe pas à ce phénomène. Donc, chaque année, comme de moins en moins d’habitants connaissent notre métier, le trafic créé de nombreuses réactions de la part des usagers et des riverains » comme l’a déclaré Anne-Laure Marteau la secrétaire générale de la chambre d’agriculture de l’Eure lors d’une conférence de presse virtuelle.
UNE SUCRERIE À ALIMENTER 24 H SUR 24
Du 15 septembre au 15 janvier, la sucrerie Saint-Louis fonctionne en permanence. Pour cela, les planteurs doivent l’alimenter de façon régulière et planifiée : « Comme une betterave contient 70 % d’eau, on ne peut pas la laisser éternellement au bord des champs. Elle continue à vivre et perd de ses qualités très rapidement. C’est pour cela que l’enlèvement par les transporteurs doit se faire avec fluidité et de façon coordonnée le plus tôt possible » a expliqué Alexandre Quillet le représentant de la Confédération des planteurs de betterave (CGB) et le président de l’Institut technique de la betterave (ITB). Concrètement, dans une année dite normale, ce sont près de 600 camions qui entrent et sortent par jour de l’unité de production. « Nous allons chercher les betteraves dans un rayon de 40 kilomètres. Cette notion de proximité est importante, car même les transporteurs sont des entreprises locales. Seulement, notamment après la fermeture en 2019 de la sucrerie de Cagny (14) et l’augmentation du flux de 2,5 vers l’Eure, nous avons été interpellés par nombre d’élus sur les nuisances (bruits, vibrations, bouchons ou ralentissements, pollution, poussières, etc) occasionnées » a informé le directeur Thomas Nuytten.
UN PLAN DE BATAILLE CONTRE LES NUISANCES ROUTIÈRES
Le cadre de l’usine Saint-Louis a annoncé « qu’après un travail de préparation concerté et régulier, nous avons préparé plusieurs actions efficaces. Un plan de bataille pour que cela perturbe moins les riverains de l’Eure ». D’abord, « avec l’arrêt total de l’usine du Calvados et des planteurs du secteur, nous avons divisé par plus de la moitié le nombre de camions ».
Ensuite, en concertation avec les autorités et les transporteurs, « nous avons réparti entre le nord, le sud et le centre du département, le flux des camions pour qu’ils ne passent pas toujours sur les mêmes routes » a précisé Thomas Nuytten.
Enfin, les camions ont été équipés de logiciels de traçage « qui permet à tout instant de vérifier les vitesses, les éventuelles surcharges et les circuits. C’est un vrai engagement d’une entreprise, d’une filière par rapport à l’impact de l’activité. Ce plan sera suivi régulièrement et partagé avec l’ensemble des élus » a affirmé le directeur.
MOINS DE TERRE ET DE CAILLOUX
En complément, Alexandre Quillet a rappelé « que grâce au déterrage propre, nous baissons la part de terre à l’enlèvement. En 1990, il y avait 33 tonnes de terre sur 100 tonnes ; quinze ans plus tard, 22 tonnes et en 2020, en moyenne cela ne représente que 10 tonnes. Cela permet donc de baisser le nombre de camions ».