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La cameline pour faire décoller la décarbonation de l’aviation.

A Villiers-en-Desœuvre (27), Fabrice Moulard cultive cette année 6 ha de cameline. Une culture intermédiaire qui, triturée, deviendra composant d’un biokérosène au service de l’aviation civile. Objectif décarbonation !

Le 29 août dernier, Fabrice Moulard (avec à ses côtés sa fille Marie) a reçu sur son exploitation pour une visite de parcelle Damien Cazé (directeur général de l’Aviation civile) et Sandra Combet (secrétaire général de l’Observatoire de l’Aviation durable). Ils étaient accompagnés notamment de Gilles Robillard (président de Terres Inovia) et Stéphane Yrlès (secrétaire général d’Avril).
Le 29 août dernier, Fabrice Moulard (avec à ses côtés sa fille Marie) a reçu sur son exploitation pour une visite de parcelle Damien Cazé (directeur général de l’Aviation civile) et Sandra Combet (secrétaire général de l’Observatoire de l’Aviation durable). Ils étaient accompagnés notamment de Gilles Robillard (président de Terres Inovia) et Stéphane Yrlès (secrétaire général d’Avril).
© TG

A la question : pourquoi expérimentez-vous la culture de la cameline ? Fabrice Moulard commence par répondre rictus aux lèvres : « un peu par curiosité ». Mais très vite, on rentre dans des arguments agronomiques, réglementaires et environnementaux. « Cela fait plusieurs années qu’on récolte de plus en plus tôt. Il y a une place pour glisser une culture intermédiaire sans obérer l’assolement. La culture intermédiaire a du sens vis-à-vis de l’obligation de couverture du sol, ce sont des pompes à CO2 ». Administrateur de la FOP (Fédération française d’Oléagineux et Protéagineux), c’est sa façon d’accompagner le projet d’une nouvelle culture sur un territoire. L’implantation de la cameline et sa transformation sont soutenues par le Groupe Avril, leader industriel et financier de la filière française des huiles et protéines végétales, pionnier des biocarburants en Europe. La cameline est notamment testée pour servir de biomasse dans la production de biocarburants destinés à l’aviation.  L’occasion pour une étape dans l’Eure dans le cadre des rencontres territoriales de la décarbonation. Dans une démarche volontariste, la France s’est dotée dès 2020 d’une feuille de route sur les carburants d’aviation durable (CAD). Elle a mis en place une obligation d’incorporation en amont du Pacte Vert de l’Union Européenne. A partir de 2025, cette obligation devrait passer à 2 %, puis 6 % et enfin 70 % en 2050 en cohérence avec l’ambition d’atteindre la neutralité carbone à cet horizon. C’est la raison de la mise en place, le 14 février dernier par les ministres concernés (Transition Ecologique, Transport et Industrie) d’un groupe de travail. Mission : créer une filière française de production de carburants d’aviation durables. La cameline fait partie du mix-produit.

 

UN CYCLE DE 100 JOURS

Fabrice Moulard y a consacré cette année deux parcelles pour une sole totale de 6 ha. Un précédent orge, « on a semé le lendemain de la récolte. C’était une belle parcelle mais on a vite constaté une forte repousse d’orge ». Un précédent pois, récolté le 28 juin pour un resemis le 1er juillet, qui semble plus prometteur. Aux commandes du tracteur pour cette première Marie, sa fille, bac en poche et qui vient de faire sa rentrée en BTS. Pas vraiment un hasard : « je souhaite axer mon installation future sur l’innovation », sourit-elle. Un gène familial apparemment, son grand-père a été un pionnier de la culture du colza dans l’Eure...

La récolte de la cameline devrait se dérouler entre le 1er et le 15 octobre. « On est au début d’une voie », enchaîne Fabrice avec prudence.

« De gros efforts de recherche sont consentis, rebondit Gilles Robillard (président de Terres Inovia). Ce qui illustre notre volonté de développer cette nouvelle culture qui arrive en France. La cameline entre dans un cycle de 90 à 100 jours mais on travaille avec Dame Nature et on dénombre 400 petites régions agricoles dans l’hexagone. Un des axes de recherche porte sur l’amélioration variétale : plus de productivité et plus de précocité. Autre enjeu : les ravageurs des précédents culturaux. Les travaux sont en cours. Cela demande du temps mais on peut y arriver ». Y arriver sous deux conditions incontournables : massifier l’offre et une juste rémunération du producteur. In fine, l’agriculture conventionnelle est bien une des solutions à la transition écologique et surtout pas un problème. « Il faut être frugal dans nos émissions de CO2 en utilisant des carburants plus vertueux. Il faut valoriser ce que l’on fait déjà de très concret et l’Aviation civile valorise les initiatives locales », se plait à rappeler Stéphane Yrlès (secrétaire général d’Avril). Une aviation qui représente 4 % des émissions mais qui entend atteindre ses objectifs notamment avec les nouveaux « camelinéaculteurs ». Alors bon vol demain, il sera plus écologique qu’aujourd’hui.

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