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La filière élevage-viande déploie son « pacte sociétal ».

Les acteurs de la filière élevage-viande ont fait le point sur l’avancement de leur démarche RSE entamée il y a cinq ans. Elle a permis de resserrer les liens avec la société civile mais aussi d’ouvrir des perspectives de valorisation des métiers et des revenus.

© DR.

Depuis le lancement de son « pacte pour un engagement sociétal » en 2017, l’interprofession bovine et ovine a redessiné en profondeur son projet collectif. « Nous sommes désormais réunis derrière une démarche fédératrice dont l’ambition est d’ouvrir des perspectives durables à notre production de viande française », a déclaré fin janvier Dominique Langlois, le président d’Interbev, en ouverture d’un séminaire en forme de bilan d’étape de cette démarche labellisée par l’AFNOR depuis 2018.

 

Responsables de l’interprofession et professionnels se sont ainsi succédé pour évoquer les actions engagées et les résultats obtenus dans les quatre domaines de progrès identifiés par le pacte en concertation avec les ONG et la société civile : l’environnement, le bien-être animal, la rémunération des acteurs de la filière et la nutrition. « Tous les métiers peuvent se retrouver dans cette stratégie et ont leur carte à jouer », a assuré Bruno Dufayet, le président de la Fédération nationale bovine  (FNB) et de la commission Enjeux sociétaux d’Interbev.

 

Boviwell

En matière d’environnement, les professionnels se sont félicités du déploiement du diagnostic environnemental Cap’2ER qui vise à réduire l’impact carbone des élevages. Plus de 4 300 élevages bovins avaient eu recours fin 2018 à cet outil, qui sera déployé bientôt dans la production de veau. Rappelons que la filière allaitante s’est engagée à réduire l’impact carbone de la viande bovine de 15 % en dix ans par un changement des pratiques. Un projet dont s’est également emparé la filière ovine qui vient de lancer son programme de réduction des émissions carbone, « Life Green Sheep ». L’interprofession compte également faire valoir le rôle favorable du pâturage à l’herbe sur le stockage du carbone - et donc sur le climat -, mais aussi sur la qualité des sols, de l’eau ou sur la biodiversité. « C’est un atout qui est reconnu par les ONG avec lesquelles nous travaillons », estime Caroline Guinot, responsable de la commission Enjeux sociétaux d’Interbev. « Mais si nous sommes parvenus à faire reconnaitre le bénéfice de la valorisation de l’herbe de manière qualitative, il nous reste à l’intégrer de façon quantitative dans le score environnemental de nos produits qui n’inclut pas aujourd’hui ce critère », a-t-elle regretté.

En matière de bien-être et de protection animale, l’interprofession s’appuie sur le déploiement d’un outil d’évaluation du bien-être en élevage, Boviwell, développé en commun avec la filière laitière. « L’objectif que l’on s’est fixé est que 100 % des exploitations bovines aient réalisé le diagnostic d’ici 2025 », a indiqué Christelle Demont, chargée de mission d’Interbev sur le bien-être animal qui a rappelé que le résultat du diagnostic avait été intégré dans le cahier des charges du Label Rouge. « Les filières veaux et ovins mènent en œuvre des travaux pour se doter d’outils similaires », a-t-elle indiqué. Des diagnostics comparables sont en cours de déploiement dans les centres de rassemblement et les abattoirs.

 

30 % de transactions sous contrat d’ici 2023

Troisième volet du pacte social, la « juste rémunération des acteurs de la filière et l’attractivité des métiers » a également été évoquée. Dans ce domaine, l’interprofession mise en particulier sur le développement de la contractualisation. L’objectif est d’atteindre 30 % de transactions sous contrat d’ici 2023 et 100 % de contrats homologués entre éleveurs et intégrateurs dans la filière veau à court terme. Les professionnels comptent s’appuyer sur la croissance souhaitée de la production de Label Rouge (avec un objectif de 40 % à moyen terme) pour lequel la contractualisation a été rendue obligatoire.

Enfin, concernant la nutrition, les professionnels ont convenu avec leurs parties prenantes de proposer des repères simples et adaptés sur une consommation « raisonnée » de viande. « Nos engagements sont résumés dans la campagne de communication que nous avons adoptée et que nous porterons encore cette année : ‘Aimez la viande, mangez-en mieux’», a synthétisé le président d’Interbev Dominique Langlois.

 

 

Dans le rétro :

Il y a 30 ans dans l’Eure Agricole, déjà des campagnes anti-viande.

Février 1991, se tient à Strasbourg le congrès de la FNB (Fédération Nationale Bovine). Jean-Baptiste Voisin, président de la section bovine de la FDSEA 27, y prend la parole et tape du poing sur la table.

 

S’appuyant sur les statistiques relatives à la part du revenu des ménages consacrée à la consommation alimentaire, il met en cause « les campagnes anti-viande néfastes pour l’image de notre produit » en renvoyant Brigitte Bardot et ses cousines à d’autres préoccupations avant d’affirmer : « nous ne sommes pas des bourreaux d’animaux ! La bonne viande, consommée dans de bonnes conditions, n’entraine ni hypertension ni cholestérol. En s’inspirant de l’initiative « le blé c’est la vie », pourquoi ne pas organiser une campagne de promotion dont les consommateurs, victimes des prix élevés, pourraient être nos garde-fous ».

 

La crise bovine ne date donc pas d’hier et Jean-Baptiste Voisin d’incriminer de mauvaises règles du jeu. « Que pensez-vous des entreprises françaises qui importent de la viande en provenance des pays de l’Est ? Comment appelleriez-vous ces joueurs ? Pour donner tout son sens au mot filière, il faut aller jusqu’au bout de la chaîne en développant des relations privilégiées avec les partenaires de la consommation. Comment imaginer le regroupement de l’offre sans s’interroger sur sa compatibilité avec la demande ? Il est grand temps d’appliquer l’adage : ne pas vendre ce qui se produit, mais produire ce qui se vend ». Fin de citation.

En ce mois de février 1991, un bœuf normand se vend 11,05 F (1,68 e) au kg vif, un veau mâle normand de 1 180 F (180 e)

à 1 640 F (250 e) et une femelle noire 600 F (91 e) .

Parallèlement, le foin de prairie, provenance Loiret, s’achète 700 F/t (107 e)

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