La FNSEA reçue par Barbara Pompili
La FNSEA a été reçue le 29 juillet par la ministre de la Transition écologique (MTE), Barbara Pompili, avec l'intention de lui faire prendre conscience du rôle joué par les agriculteurs et la FNSEA dans l'accompagnement de la transition écologique. Une réunion au cours de laquelle les échanges ont également porté sur les dossiers d'actualité.
Une délégation de la FNSEA composée de sa présidente, Christiane Lambert et de Thierry Coué, président de la Commission environnement, s'est entretenue pendant deux heures le 29 juillet avec Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique. Au menu des discussions, sujets d'actualité et sujets de fond. Le premier dossier abordé a été celui des inondations « qui sont intervenues à un moment particulièrement difficile pour les agriculteurs, au moment où les moissons devaient s'effectuer, où ils devaient récolter le fourrage et alors même que de nombreuses cultures, comme le tournesol ou encore les pommes de terre sont en pleine croissance », a indiqué la présidente de la FNSEA. Elle s'interroge d'ailleurs sur les politiques de prévention menées par les pouvoirs publics, en coordination avec Voies navigables de France (VNF), pour la protection de villes. En ligne de mire, le plan de prévention des risques d'inondation de Paris (PPRI) qui, en amont de la capitale, « relâche les surplus d'eau des réservoirs et inonde les champs ». La FNSEA devrait rencontrer VNF prochainement. En lien avec ce sujet, le sujet de l'irrigation a été abordé et la ministre s'est déclarée favorable à la mise en place de réserves d'eau afin de mieux gérer la ressource et d'assurer ainsi l'équilibre économique des exploitations. Les deux représentants agricoles ont notamment indiqué à la ministre que la « France a une gestion efficace de l'irrigation. Le volume moyen prélevé en France en 2010 pour les cultures irriguées est de 1 700 m3/ha/an contre 4 800 m3/ha/an en Espagne et en Italie, et 4 000 m3/ha/an pour la moyenne des pays européens ».
Réciprocité
Christiane Lambert et Thierry Coué qui ont « remis en mains propres » le rapport d'orientation de la FNSEA, ont abordé le sujet de la gestion des risques et insisté auprès de la ministre qui est impliquée dans ce dossier, d'assurer la nécessaire « solidarité nationale ».
La délégation et la ministre se sont également attardées sur l'arrêt du Conseil d'Etat concernant les zones de non-traitement (ZNT) qui impose au Gouvernement de revoir sa copie sous six mois. « Il faut que, dans l'écriture du nouveau décret, le Gouvernement ait une approche pragmatique du sujet et qu'il sécurise l'activité des agriculteurs et la tranquillité des riverains ». La FNSEA a d'ailleurs demandé qu'il existe une réelle réciprocité avec les aménageurs, autrement dit que leurs plans de masse tiennent compte des terres agricoles à proximité pour qu'ils construisent à distance respectable. « La rédaction de ce décret est avancée et il devra être cohérent avec le prochain décret ZNT du Gouvernement », a affirmé Christiane Lambert, un peu agacée du retard pris sur le dossier des haies (lire encadré).
« Un effort déjà important »
Elle a en revanche « salué le dialogue entre la FNSEA et le ministère malgré un démarrage difficile » sur le dossier des pollinisateurs qui s'était concentré sur les produits phytosanitaires en oubliant d'autres aspects tout aussi importants comme le bol alimentaire, la lutte contre les agresseurs de ruches, etc. « Il reste encore à lever des incertitudes sur ce dossier », a indiqué la présidente du syndicat agricole, en particulier celle des cultures non attractives en période de floraison. « Cette liste est trop limitée. Seules huit cultures y apparaissent. D'autres comme les pommes de terre, le lin, la vigne, et les solanacées, soja, fèves, fèveroles, etc. pourraient y figurer ». La FNSEA demande aussi à éclaircir les traitements possibles en matinée et à mettre un peu de cohérence sur ce sujet. « Les traitements en matinée sont recommandés dans "Ecophyto 2+", mais le ministère de la Transition écologique les conteste pour le plan pollinisateur », souligne Christiane Lambert.
Autre point à clarifier : le programme d'action nitrates. « Nous sommes en attente de la deuxième version du texte depuis quatre mois, car il semblerait qu'il n'y ait toujours pas d'arbitrage interministériel sur la question de la couverture des sols. En effet, le MTE souhaiterait rendre obligatoire la couverture des sols en interculture courte, alors que le ministère de l'Agriculture prône une solution de compromis, à savoir rendre obligatoire cette disposition uniquement dans les Zones d'actions renforcées présentant un captage. » Thierry Coué et Christiane Lambert ont indiqué à la ministre que « la solution de compromis représente déjà un effort important de la part des agriculteurs » et que « rendre obligatoire une couverture des sols en interculture courte ne fait pas forcément sens agronomiquement », puisque les couverts n'ont pas le temps de se mettre en place.
Contre-expertise sur le loup
Sur le dossier des installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE), la FNSEA s'inquiète que les derniers projets d'arrêté, entendent porter à 200 mètres des habitations les ICPE agricoles. « Or, on ne tient pas compte de l'antériorité des sites ou des incidences technico-économiques », ont mentionné les deux délégués agricoles qui suivent le dossier de près et n'excluent pas d'adresser des recours au ministère.
Enfin, sur le thème de la prédation, « nos analyses divergent », a affirmé Christiane Lambert qui conteste le comptage actuel de la population lupine. « Nous allons engager une contre-expertise pour connaître le nombre de loups en France. Le loup a tué, en 2020, pas moins de 12 000 bêtes, dans 39 départements, occasionnant plus de 30 millions d'euros de dépenses publiques. C'est insupportable », a-t-elle martelé.
D'autres rendez-vous entre la FNSEA et le MTE sont programmés dans les prochaines semaines.
Quelles équivalences pour les haies ?
« L'étude sur les haies a été demandée il y a dix-huit mois à l'INRAE et à l'ANSES. Elle aurait dû être publiée d'ici quelques semaines et on nous demande de patienter 18 mois de plus », s'est agacée Christiane Lambert. Or cette question des haies et des équivalences associées est importante pour le calcul de la part de superficie agricole consacrée aux activités non productives, tant pour le respect de la BCAE 9, que pour l'écorégime biodiversité et paysages agricoles ou le top-up haies. L'enjeu est de favoriser la plantation et l'entretien des haies partout en France. D'où l'intérêt de les valoriser par un coefficient de 1 km = 2 ha. A titre indicatif, dans le calcul de la HVE, l'équivalence est actuellement de 1 km = 10 ha.