La Région Normandie dévoile sa politique agricole 2023-2027.
Les élus prévoient un programme co-construit avec la profession, simplifié, d’un montant de 60 millions d’euros par an. Les grandes lignes de la politique agricole 2023-2027, ont été dessinées, jeudi 5 mai 2022, à Equemauville (14).
Pour un « accompagnement efficace de l’agriculture, quelle que soit l’activité, la localisation ou la situation », Clotilde Eudier promet une politique agricole normande « simplifiée » et « des dispositifs resserrés ». Jeudi 5 mai 2022, la vice-présidente de la Région Normandie, chargée de l’agriculture, de la pêche et de la forêt, a dévoilé les grandes lignes de la politique agricole normande pour la période 2023-2027. Elle était entourée de son président, Hervé Morin, et du président de la Cran, Sébastien Windsor. Quatre défis ont été définis à l’issue de réunions de concertation : accompagner le renouvellement des chefs d’exploitation et la transmission des fermes normandes ; anticiper le changement climatique et répondre aux enjeux de la décarbonation, de la biodiversité, du bien-être animal et des nouveaux circuits de consommation ; créer de la valeur ajoutée en agriculture ; préparer les entrepreneurs et salariés pour demain.
DES AIDES A L’INSTALLATION JUSQU’A 52 ANS
La Dotation jeune agriculteur (DJA) devient Normandie démarrage installation. Clotilde Eudier annonce, entre autres nouveautés, une « aide au démarrage de 15 000 euros pour les 40-52 ans », soumise à condition d’un minimum d’études et au suivi du stage 3P. « L’agriculture doit s’ouvrir au monde extérieur ». Elle invite les moins de 40 ans à « aller vers l’ancienne DJA ». Quel que soit l’âge, cette aide forfaitaire, versée en une fois, est adossable aux autres outils financiers (garantie prêt, prêt d’honneur). Objectif : 450 installations par an (+ 50 % par rapport à la période 2014-2020). Sébastien Windsor applaudit une « politique volontariste, en l’élargissant à des agriculteurs qui pourront bénéficier de ce schéma fort et exigeant, pour que les nouveaux installés soient toujours là dans cinq ans ».
UN CONTRAT DE TRANSITION EN CINQ ANS
La nouvelle mesure agroenvironnementale et climatique (Maec), aussi appelée contrat de transition, se raisonne « à l’échelle de l’exploitation et non plus à la surface », reprend Clotilde Eudier. Elle fait partie des dispositifs mis en place pour relever le défi de l’anticipation du changement climatique. Il s’agit d’un contrat de cinq ans, balisé par un diagnostic de début et un de fin, avec « un objectif de résultat personnalisé ». Si le bilan montre une évolution de stockage de carbone, de baisse d’IFT ou encore d’autonomie alimentaire, le montant forfaitaire alloué est de 18 000 euros. Clotilde Eudier souligne que la mesure a été portée aux Régions de France et à l’APCA. « L’agriculteur doit prendre des risques, il faut les lui payer », notamment grâce à cette Maec. Objectif : 500 contrats de transition. Sur le volet énergies renouvelables, la Région souhaite valoriser les projets de chaufferies bois construits entre les exploitants et les collectivités. Côté méthanisation, elle promet de maintenir les aides, mais aussi de contrôler le respect des 15 % maximum de cultures destinées à la ration du méthaniseur.
NORMANDIE INVESTISSEMENTS AGRICOLES : 130 MILLIONS D’EUROS
Le programme Agriculture normande et performante (ANP) devient Normandie investissements agricoles. Y sont alloués 130 millions d’euros, qui devraient accompagner 3 000 exploitations, sous deux formes. La première, les projets conquérants, avec un taux d’aide « incitatif de 40 % » pour les installations, transmissions, transitions agroécologies, filières émergentes (dont les races patrimoniales), d’innovation. La seconde concerne les projets d’adaptation avec un taux d’aide de 20 % activable pour les projets d’amélioration des conditions de travail, de bien-être animal par exemple. « Nous voulons du conquérant, de l’innovant. Nous voulons créer de la valeur dans les exploitations. » Clotilde Eudier annonce une enveloppe de 30 millions d’euros pour les ETA, les industries agroalimentaires, la filière équine.
FIN DES APPELS A PROJETS
Fini les appels à projets, « les dispositifs sont ouverts en continu. Toutes les demandes seront dématérialisées au sein d’une seule plateforme régionale ». Clotilde Eudier a rappelé les dispositifs maintenus : le CASE, le contrat de parrainage, le soutien aux projets de coopération agricole, Je mange normand dans mon lycée, le soutien aux filières. Sur ce point, Sébastien Windsor salue la vision stratégique de la Région : « la création de valeur ne se décrète pas. Elle se construit sur les deux piliers que sont l’agriculture et les filières. Vous préparez l’avenir avec la volonté de structurer les filières ». Il souligne les travaux du Giec normand, « même s’ils ne sont pas cités dans la politique agricole » et décrit une « politique conquérante pour se préparer à être résilient face au changement climatique ».