La transition climatique et environnementale en marche.
A la Ferme du Moulin, à Bourneville-Sainte-Croix (27), la transition climatique et environnementale est en marche. Après un diagnostic CAP’2ER établi en 2020, les 6 associés du Gaec se donnent 5 ans pour transformer l’essai. Lundi dernier, la FRSEA Normandie y a invité les élus pour démontrer que l’agriculture est une réponse adaptée au défi climatique.
ils représentent un coût. Nous avons besoin d’un soutien important de nos collectivités locales et territoriales. »
A la veille d’échéances majeures en matière de lutte contre le réchauffement climatique comme la COP 26 de Glasgow, la conférence de l’ONU sur la biodiversité ou encore la future présidence française de l’Union européenne, FRSEA et FDSEA de Normandie poursuivent la mise en œuvre d’un ambitieux travail de prospective et de préconisations porté par le rapport d’orientation 2020 de la FNSEA intitulé « Faire du défi climatique une opportunité pour l’agriculture ». En invitant les élus sur le terrain (du député européen au maire de commune rurale), le syndicalisme agricole a voulu illustrer le passage de la bonne intention à l’acte.
Des installations sans reprise de terre
Aux explications de texte ce lundi, Nicolas Romain, l’un des 6 associés du Gaec du Moulin. Une ferme typique du Roumois-Lieuvin de 480 ha et 1,8 million de litres de lait, dont 180 000 l transformés à la ferme. « 80 ha et 300 000 litres de lait par associés, a relativisé d’emblée Nicolas Romain « et 3 jeunes installés sans reprise de terre ».
A Bourneville-Sainte-Croix, la feuille de route est claire : « produire, mais avec un impact positif sur l’environnement. L’agriculteur, c’est le premier des écologistes ». Encore faut-il le démontrer. Dans cette démarche volontariste, le Gaec s’est appuyé sur un diagnostic CAP’2ER établi par Littoral Normand pour prioriser ses actions. Elément pivot du dispositif désormais opérationnel, mais qui poursuit sa montée en puissance, une unité de méthanisation. Du sur-mesure qui n’a suscité, localement, aucune levée de boucliers grâce à un échange constructif avec la population locale avant même le dépôt du permis de construire. Elle a permis d’installer 2 jeunes. Elle est autonome à 100 %, mais sans « aucune culture de vente, on rentre d’autres matières végétales et surtout beaucoup de fumier et lisier ». Sa construction a fait travailler les entreprises locales. Elle est presque d’utilité publique en fournissant en électricité 500 logements, en soulageant les déchetteries de tontes de gazon, en proposant du digestat pour le jardin des particuliers... « La méthanisation est une vraie chance, mais elle ne doit pas échapper aux agriculteurs », juge Nicolas Romain pour qui le modèle allemand constitue « une déviance ».
Voilà pour le côté ville. Côté champ, c’est une diversité des cultures (colza graine transformé en bioéthanol et dont le sous-produit alimente les animaux, de la luzerne déshydratée sur place, des herbages mieux valorisés en exploitant une herbe plus jeune...) donc une diversité de biotopes favorable à la biodiversité, une facture d’engrais azoté diminuée de 40 % grâce au digestat dont les graines d’adventices ont été neutralisées, une fixation très importante du carbone produit sur l’exploitation, moins d’achats extérieurs de concentré pour les laitières, de l’énergie produite pour l’unité de pasteurisation du lait et de séchage des céréales et des fourrages...
Reste le modèle économique avec des investissements très lourds. « Un revenu linéaire pendant 18 ans qui, malgré les apparences, peut être revu à la baisse. Ce n’est pas hyper sécurisé », reconnait Pierre-Yves Delamare, le Monsieur « méthanisation » du Gaec. « Notre unité de méthanisation s’est inscrite dans un projet global d’exploitation. Nous sommes de vrais acteurs du territoire dont le but est de faire mieux en matière environnementale. C’est du gagnant-gagnant qui demande du temps, mais nous avons besoin de soutiens économiques pour atteindre nos objectifs », synthétise Nicolas Romain.