L'après-néonicotinoïde : 400 jours encore pour sauver le soldat Betterave.
Jeudi dernier à Nojeon-en-Vexin (27), les partenaires du projet FPE (Fermes Pilotes d'Expérimentation) organisaient une visite de parcelle afin de présenter les derniers résultats en matière d'alternatives aux néonicotinoïdes. « Il ne faut pas emmener la filière et les producteurs dans une impasse. Il nous reste 400 jours encore pour sauver le soldat Betterave », a synthétisé Alexandre Quillet, président de l'ITB (Institut Technique de la Betterave).
C'est sur la parcelle de Laurent Vermersch, betteravier à Nojeon-en-Vexin, que tous les acteurs de la filière betteravière se sont retrouvés pour un point d'étape de 3 des 5 leviers alternatifs aux néonicotinoïdes : l'association de plantes campagnes, l'introduction d'auxiliaires dans les parcelles et l'implantation de bandes fleuries. Et de fleurs, Laurent (membre du GIEE « A l'Eure du sol ») en connaît un rayon avec un linéaire de 5 km sur son exploitation. Ici, pas de labour depuis 2008, des couverts et des cultures intermédiaires depuis longtemps (...), une des 62 FPE (Fermes Pilotes d'Expérimentation) mises en place par l'ITB et les services agronomiques des sucreries en 2022.
« 2019 : interdiction des néonicotinoïdes en France et en Europe, année sans encombre. 2020 : une année très compliquée avec une perte de rendement au niveau national de 28 % et certaines usines qui ont tourné moins de 50 jours », a retracé Alexandre Quillet. La filière est clairement menacée, mais le syndicalisme betteravier, grâce à l'écoute attentive du ministre de l'Agriculture Julien Denormandie, parvient à sauver les meubles : 3 années de dérogation sous condition d'un plan de prévention et du PNRI (Plan National de Recherche de l'Innovation).
2021 : année de recherche à 360o. 2022 : développement des travaux les plus prometteurs et début de transfert dans les exploitations. 2023 : validation des solutions et fin de transfert.
Cinq leviers sont en cours d'expérimentation. « L'implantation de bandes fleuries pour fournir une alimentation aux prédateurs et un habitat aux auxiliaires pendant l'hiver, l'association de plantes compagnes, l'utilisation de variétés tolérantes ou résistantes aux virus de jaunisse, l'introduction d'auxiliaires, l'utilisation de produits de biocontrôle, explique Fabienne Maupas (directrice scientifique de l'ITB). Il nous faudra ensuite assembler ces leviers pour un effet cumulatif ».
La betterave est donc au milieu du gué et le rendez-vous de jeudi dernier n'a dévoilé aucun secret. A défaut, il a nourri le débat et l'espoir.