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Le colza décliné en quatre ateliers par la Cran et Terres Inovia.

L'institut technique et la Chambre consulaire ont organisé un après-midi au champ sur le colza, près de Falaise (14), mercredi 24 novembre. Une cinquantaine de personnes a participé aux ateliers, tous contextualisés.

Le test Berlèse consiste à faire sécher les parties aériennes du colza (rosette coupée au niveau du collet) au-dessus d'une bassine d'eau savonneuse. Les larves d'altises vont tomber dedans. Il reste à les compter pour estimer leur population au champ.
Le test Berlèse consiste à faire sécher les parties aériennes du colza (rosette coupée au niveau du collet) au-dessus d'une bassine d'eau savonneuse. Les larves d'altises vont tomber dedans. Il reste à les compter pour estimer leur population au champ.
© JP

1 o Gestion des altises

Amélie Cardine et Anaïs Vandewalle, de la Cran, ont présenté ce premier atelier sur la gestion des altises et des larves. D'abord, pour avoir un indicateur de « Top » traitement, il faut savoir si présence de larves il y a. « En ce moment, vous pouvez utiliser le test berlèse pour connaître le nombre de larves par pied de colza. Plus le colza est gros avec de la biomasse, moins le risque d'altises est élevé. » Les adultes arrivent en septembre, quand la température diminue puis remonte, généralement autour du 20-25 septembre. Elles pondent dans la parcelle. Il existe trois stades larvaires, ce sont les deux premiers qui sont en ce moment observés dans le colza. Et donc ceux à viser. « Les larves se baladent moins s'il pleut, s'il n'y a pas de soleil ou s'il fait froid. Les insecticides efficaces sont des produits de contact, les conditions de traitement sont donc primordiales. » Amélie Cardine et Anaïs Vandewalle mettent en garde contre la résistance des altises aux matières actives et assurent que l'on « peut se passer de chimie au démarrage, si le colza est bien développé au moment où les adultes arrivent dans les parcelles ». Elles conseillent ainsi de « semer plus tôt ».

 

2 o Désherbage

« Le désherbage peut se gérer en post-levée. Vous n'êtes plus obligés de mettre en place une stratégie au semis », présente Valéry Charpentier, de la Cran. Il liste deux intérêts à cela : « désherber à vue permet, selon la flore présente, d'utiliser la bonne molécule. Si le colza couvre vite, il y a très peu de concurrence par les adventices. On surestime souvent le salissement des parcelles. Ensuite, l'absence d'herbicide en prélevée permet un démarrage plus rapide du colza, le stade quatre feuilles est plus rapidement atteint et vous esquivez les problèmes de grosses altises ». La question du désherbage se pose dans un contexte où la réglementation évolue : « depuis cet été, l'utilisation du métazachlore est limitée », précise Valéry Charpentier. Il détaille ensuite une série d'essais appliquant différentes matières actives et leur efficacité. Le conseiller insiste sur l'importance de raisonner le programme de désherbage en fonction de la flore présente et sur la possibilité de « faire des impasses si le colza étouffe bien ».

 

3 o Fertilisation azotée

L'atelier est présenté dans un contexte où les cours de l'azote, mais aussi ceux du colza, s'envolent et où se pose la question de la disponibilité des engrais azotés. « Au-delà du prix, demandez-vous si vous êtes couverts en engrais azotés. Il faut réfléchir la fertilisation et l'optimiser », introduit Samuel Hardy, conseiller Cran. Il rappelle l'efficacité prouvée de la méthode de calcul de la réglette et de la dose x pour estimer le besoin en azote en fonction de l'objectif de rendement. « Si vous pouvez avoir de l'azote, même à 2 Ä l'unité, couvrez vos besoins et engagez une part de la récolte. L'azote reste rentable sur du colza à 590 Ä/t. Si vous n'avez pas le choix d'apporter moins d'azote, pour des raisons de trésorerie ou de livraison, optimisez son efficience en fonction des conditions d'application, fractionnez les apports. La limitation des apports est à privilégier sur des gros colzas, en terres profondes, bien pourvues en matières organiques, pour des doses x inférieures à 150 U ». Sur la question des couverts associés, Samuel Hardy estime que le colza peut « bénéficier de 30 points d'azote si le couvert - préalablement bien installé (semis précoce) - est détruit assez tôt ». Mais il prévient : « un couvert non détruit en sortie hiver fait prendre le risque de concurrencer le colza (vesce, pois, luzerne notamment) ».

 

4 o Variétés

Terres Inovia et la Chambre d'agriculture conduisent une série d'essais variétaux intégrés dans un réseau national, « uniquement des variétés inscrites au catalogue français », précise Jean Lieven, Terres Inovia Normandie et Île-de-France Ouest. L'idée, c'est de se dire que l'« on ne sait pas ce que l'avenir nous réserve » sur l'utilisation des produits chimiques. « L'ennemi public, ce sont les altises. Les variétés, comme les moyens agronomiques (date de semis, ferti starter, cultures associées), au titre de la génétique sont des moyens de lutte ». La première étude teste la vigueur à l'automne. « Certaines variétés se différencient clairement par leur surface foliaire. Mais restent-elles bien vigoureuses du démarrage jusqu'en fin d'automne ? Les variétés vigoureuses font souvent face à un risque d'élongation. » Un autre sujet d'étude met en corrélation le nombre de larves par plante et les symptômes. Un troisième relie l'indice de rendement et l'écart traitement non-traitement insecticide. Un quatrième sujet appréhende les mélanges variétaux et l'attractivité pour les altises. « Quand on fait la synthèse, il n'y a pas de variété miracle, mais des tendances se dégagent. Nous pouvons les faire sortir en haut de tableau pour que demain, conseillers et techniciens s'adaptent en fonction de tel ou tel risque. » Mais, prévient Jean Lieven, le choix d'une variété adaptée à sa problématique « ne se substitue pas à un insecticide. Nous travaillons avant tout à bien évaluer les relations entre les critères dans l'objectif d'identifier des situations à moindre dégâts. Nous vous en dirons plus à l'issue de la prochaine campagne ».

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