Le covid-19 frappe le secteur laitier dans le monde entier.
Le virus secoue la filière laitière partout dans le monde, mais l’accompagnement du secteur pour atténuer les effets de la crise est variable selon les pays, voire inexistant.
Partout dans le monde, l’épidémie de coronavirus plombe les marchés des produits laitiers. La réduction des échanges internationaux et la fermeture de la restauration hors foyer ont fortement perturbé les courants commerciaux traditionnels et les prix s’effondrent. L’Institut de l’Elevage, en France, estime que le prix de la poudre pourrait passer en un mois sous le prix d’intervention. Pour atténuer les effets de la crise, le Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (Cniel) propose la création d’un fonds de solidarité de 10 millions d’euros pour indemniser les diminutions volontaires de production. Le président du Cniel, Thierry Roquefeuil également président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), appelle les éleveurs à diminuer en avril leur production laitière de 2 à 5 % par rapport à leur production du même mois de l’année passée. Cet effort commun pourrait diminuer la production d’avril de 30 millions de litres. L’interprofession réclame également l’ouverture du stockage privé européen.
DU LAIT TRANSFÉRÉ VERS D’AUTRES USINES
Aux Pays-Bas, le syndicat des producteurs (NZO) estime que la collecte, la transformation et l’expédition des produits laitiers, fonctionnent comme prévu actuellement. Mais si des perturbations graves intervenaient une limitation provisoire du ramassage deviendrait nécessaire. De son côté l’industrie laitière néerlandaise vient d’arrêter un plan d’urgence pour le secteur. Ce plan prévoit que le lait sera collecté et transformé, même en cas de perturbations importantes. Tout en préparant les éleveurs à des interruptions possibles de la collecte dans les fermes. En cas de fermeture d’une laiterie, ou de capacités nettement réduites du fait de la maladie des salariés, ou de quarantaine, le lait sera transféré vers d’autres usines, est-il indiqué. En Allemagne, les premiers appels à la réduction de la production laitière ont eu lieu, et le syndicat DBV demande l’ouverture du stockage privé des produits laitiers au niveau européen. Là encore, l’augmentation des achats pour les ménages ne compense pas les pertes subies du fait de l’absence de demande de la restauration collective, de l’industrie de seconde transformation et à l’exportation. Les groupements de producteurs de lait bavarois constatent que sur le marché spot du lait, les prix sont de 10 cts au litre inférieurs aux prix moyens payés aux producteurs. Réduire la production est le mot d’ordre outre-Rhin.
LE ROYAUME-UNI ET LES ETATS UNIS LOURDEMENT SECOUÉS
Au Royaume-Uni, certaines laiteries ne peuvent plus payer le lait aux dates voulues selon les médias. Il s’agit de certaines petites laiteries qui ont vu fondre leurs débouchés, et qui doivent reporter le paiement du lait aux producteurs. La fermeture des hôtels, cafés et restaurants, a diminué le volume des ventes. Ces laiteries ne peuvent pas réorienter rapidement leurs débouchés, opération dans laquelle elles rencontrent, de toute façon, d’autre laiteries déjà implantées. L’augmentation des débouchés obtenue auprès de la grande distribution n’est pas suffisante. Des informations encore plus alarmantes disent que certaines de ces laiteries ne peuvent plus garantir de collecter régulièrement le lait. Comme il n’y a pas de stockage possible dans les élevages, certains éleveurs utilisent le lait dans les installations de biogaz. Aux Etats-Unis, des farmers doivent jeter le lait. L’effondrement de la demande en produits laitiers de la part des grands consommateurs, désarçonne la transformation laitière. Les restaurants et cuisines collectives sont fermés. L’accroissement des achats des ménages ne compensent pas la perte de ces débouchés. Dans les supermarchés les produits laitiers sont plus rares et les prix augmentent. Mais cette augmentation n’arrive pas jusqu’aux farmers. Dans des Etats comme le Wisconsin, la Floride et le Texas des farmers sont condamnés à jeter le lait qui n’est plus collecté pour être transformé. Les transformateurs informent les éleveurs en dernière minute d’un arrêt de la collecte. Et dans les médias sociaux on peut voir des photos et vidéos montrant des farmers épandant le lait dans les champs.