Le programme Raltec pour sevrer les veaux à 5 semaines.
OrigenPlus et la coopérative de Bellême déploient un programme lactoremplaceur, pour les premières semaines de vie des veaux d'élevage. Le Raltec est utilisé en Espagne. Témoignage de deux éleveurs ornais, qui l'ont mis en place depuis plusieurs mois.
« Il y a trente ans, les Espagnols manquaient de lait. Ils ont alors développé une solution pour la croissance des veaux qui utilise moins de lait, au profit de la consommation humaine », introduit Laurent Pasquet, responsable Nutri santé chez OrigenPlus. La solution en question : le programme Raltec, développé par la société Serveram. Le produit se présente sous forme de poudre. Il s'agit d'un complexe contenant des protéines de lait, des oligo minéraux et un mélange de soja, maïs, orge.
CHANGER D'ETAT D'ESPRIT
L'utilisation du programme Raltec s'accompagne d'un « changement d'état d'esprit », insiste Laurent Pasquet. Car, passés les deux premiers jours du veau pendant lesquels il reçoit le colostrum, l'éleveur ne lui apporte plus que 1,5 l de lait le matin et le soir pendant deux semaines, puis une seule fois pendant les semaines 3, 4 et 5. Le sevrage se prépare lors de la 5e semaine par l'introduction du « Bella sevrage, qui a le même arôme que le Raltec et contient 9 % de minéral. Il est fourni par Serveram », poursuit David Tonnelier, de la coopérative de Bellême. Le veau est sevré à cinq semaines. Dès les deux premières semaines, il dispose de Raltec. Puis, il en a à volonté jusqu'au sevrage. « L'idée est de transformer rapidement le monogastrique en ruminant, d'accélérer le travail de la panse. » Important : bien veiller à ce que le veau ait de l'eau à disposition pour qu'il s'hydrate, car il n'a plus de lait. « Il faut accepter d'entendre un discours inverse de celui des trente dernières années. »
LE TEMOIGNAGE DE GUILLAUME
Guillaume Larchvêque est éleveur au Mesnil-Erreux, en Gaec avec Gilles Marchand. « Nous gardons tous les veaux, les mâles sont élevés sur prairie en boeufs », précise l'éleveur. Les associés ont commencé le programme le 25 décembre 2021. « Le plan démarre le lundi. Il y a une fiche de suivi avec le numéro du veau. Au niveau visuel, les veaux ne font pas de gras, mais de l'os. Ils perdent un peu au départ, mais les objectifs de pesée sont atteints, c'est rassurant. » Guillaume décrit aussi un gain économique, dans un contexte de hausse des charges. En n'achetant plus que 10 kg de poudre de lait contre les 58 kg avant pour un veau, « j'économise 110 EUR/veau élevé et trente minutes par jour ». Et d'ajouter : « il ne faut pas sous-estimerle temps passé avec ses enfants ».
LE TEMOIGNAGE DE FANNY
Fanny Bansard est éleveuse à Sainte-Scolasse-sur-Sarthe. Elle est en Gaec avec sa maman et son frère et emploie quatre salariés. « Avant, j'élevais les mâles et les femelles au lait doux. Sanitairement, c'était compliqué. Je faisais boire les veaux quatre fois par jour. Maman part à la retraite à la fin de l'année et j'ai quatre enfants. Quand on m'a présenté le Raltec, je ne voulais pas en entendre parler. J'ai visité des élevages qui l'utilisent. » Fanny le démarre finalement début juillet pour les femelles. « Maintenant, c'est un plaisir de s'occuper des veaux. Maman est de l'ancienne génération. Elle est plus réticente, mais on gagne une heure par jour. Le programme est rigoureux, c'est donc plus facile de se faire remplacer, car les lots sont faits. » Elle constate aussi des veaux « plus maigres au démarrage, mais ils reprennent à la 3e et 4e semaine. Ils ont le poil brillant, la queue propre. Et j'ai moins de problèmes de tétage entre les génisses. »
0-2 MOIS, PERIODE CLE
Le programme Raltec nécessite une organisation de nurserie en petits lots. La coopérative de Bellême et les inséminateurs contrôlent régulièrement l'évolution des veaux. « La période 0-2 mois est primordiale. L'objectif est de multiplier par deux le poids de naissance à 2 mois et, pour un vêlage à 24 mois, d'avoir 800 gr de GMQ. Là nous sommes à 960 gr », chiffre David Tonnelier. Il rappelle que la deuxième période cruciale dans la vie d'une vache est le tarissement. « Maintenant, il faut être patient », prévient Guillaume, qui attend de savoir si ses objectifs de première IA - 15 mois en Prim'Holstein et 17 mois en Normandes - seront atteints. « Il faut bien connaître ses points d'atterrissage. » Et David Tonnelier de conclure : « on se donne rendez-vous dans cinq mois chez Guillaume ».