« L’élevage ovin, une bonne idée d’installation ».
Pour accompagner le développement de son activité,
christophe Guicheux vient d’aménager une nouvelle bergerie. Il est éleveur de moutons et vend l’intégralité de ses agneaux en vente directe.
S’installer en montant un élevage ovin ? C’est possible à condition de ne pas avoir peur de bosser ! A Sylvains-les-Moulins, entre Evreux et Damville, Christophe Guicheux vient de terminer l’aménagement d’un bâtiment déjà existant en bergerie. Il élève désormais 200 brebis et commercialise toute la suite en vente directe. Une activité qui représente désormais 30 % de son chiffre d’affaires total, pour une exploitation de 130 ha de grandes cultures (blé, colza, orge, lin, luzerne, lentilles).
UNE QUINZAINE DE BREBIS
L’histoire a commencé en 2006. « J’ai commencé à élever des agneaux en amateur avec une quinzaine de brebis et au fur et à mesure, j’ai augmenté ma troupe. Je me suis préinstallé en 2009 sur 20 ha avec la Safer. Là, je suis passé à 120 brebis. Je vendais les agneaux aux particuliers, en caissettes préparées par l’abattoir » explique Christophe Guicheux. En 2013, l’agriculteur passe une vitesse : il monte une salle de découpe et restaure un vieux bâtiment en magasin à la ferme. « Je voulais gagner en autonomie et en qualité ». Il a largement auto construit et investit 50 000 euros dans cet ensemble. Dans la foulée, il monte un élevage de lapins ce qui lui permet d’employer son épouse Stéphanie à temps plein - et reprend l’exploitationcéréalière de ses parents.Aujourd’hui, Christophe Guicheuxcommercialise 5 à 6 agneaux par semaine et la boutique est ouverte deux jours par semaine. « J’ai embauché un boucher pour la découpe et la transformation et Stéphanie assure la vente. » Le jeune éleveur explique : « Je voulais valoriser notre travail au maximum. Avec la vente directe, nous vendons le fruit de notre travail et c’est l’occasion d’expliquer notre métier. » Dans un souci de création de valeur, la vente en caissettes a laissé la place à la vente au détail. La gamme s’est notablement élargie : gigot, côtelettes, mais aussi crépinettes, paupiettes,rôtis farcis, saucisses, etc. « La viande d’agneau est simple, facile et rapide à cuisiner » rappelle l’éleveur. Elle s’adaptetrès bien aux nouveaux modesde vie.La conduite de l’élevage estliée au rythme de la vente directe : il faut des agneaux toute l’année, pas seulement à Pâques. La mises en lutte ont principalement lieu en juillet, décembre et mars, pour des agnelages en décembre, juin et août. Sevrés à 3 semaines, les agneaux sont nourris avec les céréales de la ferme - un mélange d’orge et d’épeautre- complétées par un apport azoté et de tourteau de lin issu d‘un producteur local, Ludovic Rivière, de la Ferme du vieux buisson. Quand elles ne sont pas à l’herbe, les brebis ont une ration à base de luzerne enrubannée.
L’IMPORTANCE DU BIENÊTRE ANIMAL
Mais à force d’augmenter satroupe, les animaux étaient à l’étroit. « Le bien-être animal,c’est important autant pour les animaux que pour nous »précise Christophe Guicheux. La densité d’animaux obligeait à curer très fréquemment, et l’opération reste une corvée. Dans le nouveau bâtiment, l’agriculteur a installé des cornadis à ovins. « Pour soigner les animaux, les trier, pour vermifuger, c’est du bonheur. C’est moins de travail et moins n même souci de bien-être animal, il a ouvert de larges baies dans le bâtiment avec du bardage translucide. « Dès qu’il y a du soleil, les brebis s’étendent sur la paille, ça fait plaisir à voir ». Au printemps, il réalisera de nouvelles ouvertures. L’aménagement de la bergerie - un investissement de 10000 euros - a été réalisé avec l’appui du conseil départemental dans le cadre de l’aide aux petits investissements agricoles. Pour mieux suivre l’élevage, Christophe Guicheux vient d’installer un logiciel de gestion de troupeau. « Au-delà de 150 brebis, le cahier d’agnelagene suffit plus. Je m’aperçois que certaines brebis sont improductives. Aujourd’hui, la prolificité du troupeau est à 1,7. Ce logiciel va me permettre de faire du tri et de mieux organiser mon emploi du temps. »L’élevage ovin semble avoir de l’avenir, et pas seulementen vente directe. « Moi c’est mon truc mais ça marche aussi bien avec un groupement de producteurs comme Ovins 27 ou des acheteurs privés. »