Les éleveurs ovins encouragent la création de troupes dans l’Eure.
Un an après la fermeture de la chaîne ovine au Neubourg,
les responsables professionnels tirent un bilan.
la section ovine de la FNSEA 27, et à droite Guillaume Métayer, président de la section ovine de Natup.
Il y a un an, l’abattoir du Neubourg annonçait sa décision de fermer sa chaîne ovine. Les producteurs eurois ont dû trouver une autre solution, qu’ils soient en vente directe ou adhérents de la coopérative Natup. Christophe Guicheux, président de la section ovine de la FNSEA de l’Eure rappelle qu’il a fallu « trouver une solution rapide et pas trop onéreuse ». Bien que non adhérent à la coopérative,il s’est rapproché de Natup et a travaillé avec Guillaume Métayer, président de la section ovine, afin d’étudier les solutions.
UNE SOLUTION QUI SATISFAIT LES ÉLEVEURS
La coopérative a décidé de mettre à disposition son centre de tri d’Ecardenville, à côté du Neubourg, avec des animaux qui sont envoyés à l’abattoir de La Chataigneraie. « C’est un choix du groupe Bigard qui a souhaité rationaliser ses abattoirs en les spécialisant, explique Guillaume Métayer.
Les agneaux sont ramassés le mercredi au centre d’allotement. Le bilan est positif et les autres solutions étaient trop chères ». La solution bien qu’elle nécessite 4 h de route, plait aux éleveurs en vente directe puisqu’ils peuvent récupérer les carcasses, un service qui n’était pas proposé avec les autres solutions envisagées. « Elles sont de bonne qualité, bien ressuyées. Les animaux sont bien traités, il y a sur place une ferme de 4 000 places pour les accueillir »ajoute Christophe Guicheux.
Bien que le bilan carbone ne soit pas optimal, la solution semble satisfaire les éleveurs qui de toute façon, n’ont pas le choix. En France, les chaines ovines ferment petit à petit. C’est le cas récemment de Cherbourg, dans la Manche. En Normandie, il ne reste que Cany-Barville (76) mais ce petit abattoir est saturé. « Même s’il n’est plus abatteur, la Socopa du Neubourg est une plateforme qui redistribue la viande ovine à son réseau de bouchers », explique Christophe Guicheux. La prestation est proposée également aux non-adhérents de Natup.
Les deux éleveurs insistent sur le potentiel d’un atelier ovin dans une exploitation. « la consommation de viande d’agneau ne baisse pas, l’ovin a donc un avenir et d’un point de vue environnemental, il a une bonne image. Il y a douze ans quand j’ai commencé l’élevage ovin, je proposais un ou deux agneaux en vente directe par semaine. Aujourd’hui, j’en suis à sept ou huit. A Noël, j’en produit désormais autant qu’à Pâques. Le système est bien encadré pour assurer un revenu » . De plus, Christophe Guicheux pense qu’avec la nouvelle loi Egalim, des marchés vont s’ouvrir en 2022, il faut donc s’y préparer.
La restauration collective pourrait être un débouché intéressant dans l’Eure. Guillaume Métayer souligne que les éleveurs ont réalisé un gros effort en baissant la consommation d’antibiotiques. Il conseille à ceux qui souhaiteraient lancer un atelier ovinde ne pas hésiter. « Si le dossier tient la route, avec l’appuide la chambre d’agriculture ou de la coopérative, on peut commencer avec peu d’investissements. La filière a travaillésur les coûts de production. On peut même démarrer avec des tunnels, faire pâturer descouverts végétaux… » Natup propose une aide à taux zéro pour les créations de troupes de brebis. La section ovine de la coopérative compte 110 adhérents en Normandie.