Les services de remplacement fêtent leurs 50 ans dans l’Orne.
Après un demi-siècle d’existence, les services de remplacement ont professionnalisé leur offre. Les 17 et 18 mai, SR France tient son congrès à Bagnoles-de-l’Orne-Normandie et devrait tracer sa première feuille de route nationale.
Au début de l’histoire dans les années 1960-1970, du bon sens paysan, du bénévolat et de la solidarité. Les agriculteurs se remplacent les uns les autres en cas de coup dur. Les services de remplacement naissent, officiellement, en 1972. L’État les reconnaît d’utilité sociale et ils accompagnent la réforme sociétale des exploitations agricoles. Cinquante ans plus tard, ils se sont structurés en associations locales, en fédérations départementales et régionales. Un échelon national existe aussi. Tous les deux ans, SR France se réunit. Cette année, le rendez-vous est donné à Bagnoles-de-l’Orne-Normandie, en mai, pour célébrer un demi-siècle d’existence.
50 ans d’acquis sociaux
« C’est un honneur et une joie de recevoir le congrès national », se réjouit Patrice Noël, président de la fédération régionale. Celui qui a aussi passé dix-huit ans à la tête du SR 27 - récemment remplacé par Thomas Guérard - prend du recul. « Nos services se sont professionnalisés. Nous sommes passés du modèle bénévole à salarié, avec un service informatique pour déclarer les heures et produire les feuilles de paie. Et c’est grâce au national. Le fait que les régions aient suivi est une belle victoire. » Il salue les autres batailles remportées par SR France, les acquis sociaux pour la profession agricole : le crédit d’impôt pour se faire remplacer pendant les congés, l’allongement du congé paternité à 25 jours depuis le 1er juillet 2021 dont le remplacement est pris en charge par la MSA. Les SR sont aussi sollicités pour les journées de formation, pour les mandats syndicaux. Les missions des SR reflètent l’évolution du travail des agriculteurs, de l’équilibre de leur vie personnelle et professionnelle. « Les 50 ans du réseau seront l’occasion d’une rétrospective sur les avancées sociales en agriculture », annonce Céline Collet, animatrice régionale.
Attirer de nouveaux exploitants
Si le réseau se structure depuis cinquante ans, il n’a pas encore établi son projet stratégique à l’échelle de la France. La venue des 250 congressistes de l’Hexagone sera surtout l’occasion pour SR France de plancher sur une feuille de route nationale : démarche qualité, harmonisation de pratiques, reconnaissance des services de remplacement, projection sur les cinq années à venir... « Les régions ont travaillé sur les priorités à conduire. Une synthèse en sera faite pour élaborer un projet national. » L’équipe normande aux manettes voit là l’occasion de faire connaître ses avancées : les partenariats avec des laiteries, comme Les prés rient bio, dont les producteurs et adhérents au SR bénéficient de sept jours de remplacement. Ou encore, « la convention qui nous permet d’intervenir dans les fermes à l’abandon et de gérer l’urgence sanitaire. Nous assurons les soins aux animaux et tout le travail d’astreinte afin que l’éleveur puisse se rétablir ou que la ferme puisse être proposée à la transmission. La convention qui est signée avec la préfecture permet d’encadrer le travail des agents de remplacement sur des exploitations où les conditions de travail sont parfois épouvantables », décrit Céline Collet. À une échelle plus large, les services de remplacement sont liés avec Goupama Centre-Manche : l’assureur propose, par le biais d’un contrat collectif d’assurance pour le remplacement, des conditions tarifaires de remplacement « très avantageuses » en cas d’accident ou de longue maladie. « Le contrat couvre aussi un remplacement en cas d’enfant malade, de décès d’un enfant ou d’un parent ». En 2020, près d’un remplacement sur deux en Normandie était effectué pour congés. Les Services de remplacement accompagnent aussi des évènements heureux des exploitants. « En particulier, les jeunes parents qui peuvent profiter de leur bébé pendant que le service de remplacement effectue le travail de la ferme. Mais aussi, les anniversaires, mariages, les vacances. » Et Céline Collet de conclure : « ça montre que les vacances ne sont pas réservées aux autres catégories socioprofessionnelles, qu’on peut emmener son enfant au foot le mercredi après-midi. C’est bien pour attirer de nouveaux exploitants ».