Lin fibre : la consommation textile à l’arrêt, des conséquences directes pour les liniculteurs et les teilleurs.
Tous les voyants étaient au vert pour le lin avant l’arrivée
du coronavirus
On pouvait constater des surfaces européennes en hausse (+100 % en 10 ans !), des débouchés croissants chez les filateurs. Les marques et l’ensemble de la distribution emboîtaient le pas de cette dynamique vertueuse appréciant une matière liant créativité et approche écoresponsable. En mars, le marché final dans les pays développés a connu une chute d’au moins 50 % dans un contexte où les confinements ne faisaient que débuter. Les 22 teillages français ont mis à profit le temps d’arrêt pour préparer avec pragmatisme des plans de continuité d’activité pour une reprise progressive depuis le 27 avril. Aujourd’hui, c’est sur un rythme moyen de 30 % que fonctionnent les entreprises, taux qui pourrait perdurer au moins jusqu’aux congés d’été. La conséquence reste toutefois un retard dans la transformation de la récolte 2019 (seulement1/3 fin mars 2020), donc des besoins inédits de stockage de paille dans les exploitations agricoles et de stockage des fibres en teillage.
DEUX RÉCOLTES SOUS LE HANGAR
Au niveau agricole, l’AGPL alerte les producteurs face à une baisse brutale des acomptes et des recettes dès 2020. Pour la future récolte 2020, les prévisions anticipent un stockage à la ferme au-delà de l’automne 2022, comme le confirme Guillaume Hemeryck, président de Terre de Lin : « Face à une crise sans précédent, nous devons être très réactifs et avoir un discours de vérité sur la situation du marché final. L’arrêt brutal des achats de fibres et les emblavements records de 2020 laissent supposer une offre abondante pour accompagner le marché et nos clients quand l’économie textile reprendra ». Pour lui aussi, une seule solution : « L’adaptation des rythmes de teillage et le report des pailles devront nécessairement être accompagnés d’une réduction drastique des surfaces en 2021 ». Au vu des indicateurs mondiaux du marché du lin et des échanges intrafilière, la baisse de surfaces pour 2021 pourrait prendre en compte la moyenne de trois années de référence (2016-2019) divisée par deux ou trois. Ce mode de calcul laisse ainsi à chaque liniculteur et à chaque teillage la possibilité d’adapter la réduction des surfaces aux spécificités des exploitations et des départements liniers. Malgré la conjoncture, l’objectif final pour la filière reste inchangé : cultiver et produire en 2020 et 2021 une paille de lin de qualité pour garantir l’excellence de la fibre européenne labellisée European Flax®.