Maïs : les herbicides racinaires à bon escient.
La qualité du désherbage est un facteur clef pour favoriser l’expression du potentiel de rendement du maïs surtout dans sa phase de levée et avant que la culture ne couvre l’inter-rang.
Fréquemment et afin de prévenir des levées échelonnées des adventices il se pratique de façon chimique en prélevée de la culture avec des herbicides à action racinaires et anti-germinative. Cette situation est amenée à évoluer dans certaines zones pour préserver la qualité de la ressource en eau. Ce sont en effet les herbicides racinaires et leurs métabolites que l’on retrouve régulièrement dans les analyses d’eau à des teneurs qui dépassent parfois les normes réglementaires entraînant des non-conformités pour la distribution d’eau potable. Cet article fait le point sur les principaux éléments à prendre en compte pour gérer le désherbage du maïs.
COMMENT RAISONNER SON DESHERBAGE ?
Le désherbage doit être inclus dans une réflexion globale au niveau de l’exploitation, et sur une base pluriannuelle qui va prendre en compte à la fois la localisation des parcelles de l’exploitation mais aussi sa durabilité et ses contraintes en terme humain et pédoclimatique. Dans le cadre d’une démarche HVE, par exemple, la baisse de l’IFT doit être effective et il devient nécessaire d’intégrer des techniques de désherbage mécaniques (herse étrille, bineuse, roto étrille) et/ou de désherbage localisé sur le rang au semis ou en post-levée complétées par du désherbage mécanique. Si ces techniques sont difficiles à mettre en œuvre par manque de matériel, de temps, de créneaux météo favorables ou du fait du type de sol, il est recommandé de favoriser plutôt les passages en post-levée en alternant les familles chimiques.
PRENDRE EN COMPTE LA FLORE : LES HERBICIDES RACINAIRES, CE N’EST PAS AUTOMATIQUE
Choisir le désherbage en pré ou post levée précoce avec des herbicides à mode d’action racinaire ne doit pas être automatique. En effet, ces herbicides, utiles pour les parcelles infestées de graminées (panics, sétaires, digitaires (PSD), vulpins et le ray gras), n’ont pas toujours lieu d’être utilisés sur des flores essentiellement dicotylédones, où d’autres stratégies intégrant des herbicides foliaires peuvent être mises en place. De plus, ces interventions au semis n’empêchent pas des rattrapages tardifs en raison des levées échelonnées.
En cas de flore mixte ou à dominante graminées et de ray gras résistant, il convient avant tout de mettre en place des mesures agronomiques à l’échelle pluriannuelle en adaptant la rotation des cultures (alterner les cultures de printemps et d’automne) et pratiquer un labour occasionnel avant l’implantation du maïs. Cela aura pour effet de diminuer le stock semencier. La technique du faux semis ou un passage de herse-étrille en pré semis ou post semis très précoce élimine les premières levées au stade filament de l’adventice. Ceci est d’autant plus efficace que le semis est tardif, car les PSD lèvent tardivement au printemps.
PRENDRE EN COMPTE LA NATURE DE LA PARCELLE
Préserver la ressource en eau est essentiel. Toute goutte d’eau qui rejoint le sol est susceptible d’arriver à un captage d’eau potable. La multiplication des analyses, leur niveau de précision plus élevé et la recherche plus fréquente des métabolites (produits de dégradation des substances actives mères), peuvent remettre en question la pérennité des solutions de désherbage existantes. Ceci touche particulièrement les herbicides à mode d’action racinaire utilisés en prélevée de la culture. A cette période, ils sont le plus exposés au ruissellement et sont soumis de plus en plus fréquemment au printemps à des épisodes pluvieux brusques et intenses susceptibles d’entraîner le produit vers le réseau hydrographique ou par drainage notamment.
RETOUR SUR QUELQUES FONDAMENTAUX
Pour bien fonctionner, les herbicides racinaires doivent bénéficier d’un sol humide, mais ce sont aussi les précipitations qui vont conduire au lessivage et à un entraînement vers le réseau hydrographique. Avant toute utilisation, il convient donc de vérifier les conditions d’emploi inscrites sur l’étiquette du produit : ZNT, DVP, restrictions suivant la nature du sol ou le drainage y figurant. Quand cela est possible, l’incorporation de l’herbicide au sol peut permettre d’augmenter son efficacité notamment en condition plus sèche et limiter son lessivage.
Les ZNT eau (Zones Non Traitées) sont destinées à protéger les points d’eau des risques de dérive, car il suffit de très faibles quantités pour contaminer un fossé qui ira lui-même alimenter le cours d’eau. Alors, privilégiez l’utilisation des buses à limitation de dérive homologuées à 90 % en cas d’utilisation d’herbicides racinaires. Leur efficacité est identique aux buses à fente classique tout en réduisant significativement la dérive.
Les DVP (Dispositif Végétalisé Permanent) sont destinés à ralentir le flux de ruissellement. Ils protègent les parcelles contre l’érosion et permettent aux substances actives de se dégrader plus facilement par voie microbienne grâce au couvert végétatif. Ceci est vrai à condition que ce dispositif soit densément couvert et en bon état au moment de l’application.
PRENDRE EN COMPTE LA LOCALISATION DE LA PARCELLE PAR RAPPORT AUX ENJEUX EAU
L’aménagement de vos parcelles ou sorties de drains, notamment les parcelles en pente jouxtant des points d’eau pour diminuer l’érosion et le ruissellement est indispensable.
Ces recommandations visent à préserver un choix entre différentes substances actives avec des modes d’action efficaces dont les agriculteurs ont besoin notamment pour gérer le désherbage en situation de graminées et de flore résistantes.
NE PAS NEGLIGER LES UTILISATIONS SUR D’AUTRES CULTURES AU PRINTEMPS
Il va de soi que ces règles sont également à appliquer sur les autres cultures de printemps telles que le tournesol ou la betterave. Elles valent pour la maîtrise des résistances autant que pour la préservation de la qualité de l’eau.
Pour préserver la pérennité des solutions chimiques mises à notre disposition, il devient de plus en plus essentiel de raisonner le désherbage à la parcelle en prenant en compte la flore, mais également tout l’environnement de la parcelle voire de l’exploitation sur une base pluriannuelle.