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Marc De Wever, homme de culture et d’écoute.

Marc De Wever, président de la FDSEA 27 de 1978 à 1985, nous a quittés le mardi 4 janvier. Ceux qui l’ont côtoyé évoquent « un bon orateur, un homme cultivé, toujours très bien informé et dont l’avis était écouté et respecté ».

© TG

Le syndicalisme agricole eurois vient de perdre une de ses figures emblématiques. Marc De Wever, aux commandes de la FDSEA 27 de 1978 à 1985, s’est éteint le 4 janvier dernier. Il avait 88 ans. Régis Chopin, élu de la Chambre d’agriculture et lui aussi président de ce que l’on nomme désormais la FNSEA 27 de 2010 à 2017, se souvient « d’un bon orateur, d’un homme cultivé, toujours très bien informé et dont l’avis était écouté et respecté ».

 

Un petit gars du nord

Marc De Wever était un petit gars du Nord. Il est né à Le Cateau Cambrésis le 25 novembre 1933. Albert Lebrun était alors président de la République française et Franklin Roosevelt celui des États-Unis d’Amérique. La FNSEA n’existait pas encore, il faudra attendre 1946 sous l’impulsion d’un certain Eugène Forget. Après une enfance épanouie sur la ferme familiale malgré les vicissitudes de la Seconde Guerre mondiale, Marc va remplir ses obligations militaires. Comme toute une génération de futurs agriculteurs, ce sera l’Algérie durant 2 ans et demi.

En 1958, c’est la quille, mais il ne rentre pas au bercail. Il épouse Anne-Marie avec qui il va tracer son sillon sur les terres euroises de l’exploitation de ses beaux-parents. « Même venant du Nord, j’ai été très bien accueilli », s’amusait-il encore il y a quelques mois. Le président de la FDSEA 27 s’appelait alors Modeste Legouez. Celui de la FNSEA, Joseph Courau, un Girondin. Dans ces années à Sacquenville, quelques chevaux de trait cohabitent encore avec un tracteur issu du plan Marshall. Les vaches laitières font encore de la résistance, mais plus pour très longtemps.

 

Des idées modernes, voire révolutionnaires

« Marc De Wever est un homme qui est entré dans le métier d’agriculteur avec des idées très modernes, voire révolutionnaires. Il va très vite s’entourer de collègues qui partagent la même vision du développement agricole », se remémore Régis Chopin. Dans la boîte à outils de ce développement, les CETA (Centre d’Etudes Techniques Agricoles), prémices des GDA (Groupement de Développement Agricole). Marc adhère très vite à celui d’Eure et Risle crée en 1957. Dans cette pépinière de futurs agri-managers, il va faire des rencontres déterminantes. Citons Michel Marie, adhérent de la SAF (Société des Agriculteurs de France), et futur président du GR CETA. Il va d’ailleurs lui succéder à ce poste en 1974. Avec Jacques Lanthier, ils forment un trio de « visionnaires progressistes ». Un progrès qui passe par l’abandon de la production laitière et la création d’un imposant atelier JB (Jeune Bovin). Pas d’anti-viande à l’époque, le souvenir des tickets de rationnement n’est pas si lointain.

Mais rien n’est figé dans le marbre. Le début des années 1970 marque un tournant. Haro sur le JB, l’exploitation devient « grandes cultures ». L’occasion pour Marc De Wever d’œuvrer au sein des filières végétales, sucre et lin notamment, l’esprit coopératif chevillé au corps. Il va faciliter autant qu’il le peut la fusion de coopératives, très nombreuses à cette époque dans le département et parfois redondantes, avec une approche économique et rationnelle. Ce pragmatisme, il le met aussi au service de la promotion du bénéfice réel, une petite révolution pour un monde agricole alors plus adepte du forfait négocié tous les ans avec l’administration fiscale.

 

Président presque malgré lui

En 1978, Marc De Wever se fait rattraper par la cavalerie syndicale qui a ciblé en lui sa rigueur et son charisme. « Je n’avais pourtant pas l’ambition d’apparaître en première ligne », évoquait-il encore dernièrement. Il succède à Claude Dezellus sans avoir droit au round d’observation. Les dossiers chauds s’accumulent sur la table. Les aléas météo, l’après-sècheresse de 76 et les coups de givre de 78 et 82, mais aussi la politique agricole française et européenne. C’est l’époque des grandes manifestations à Évreux, Paris, Strasbourg et même Bruxelles... La FDSEA 27 embarquait dans ses cars plus de 500 mécontents pour battre le pavé de la revendication. « Une expérience très enrichissante, cette confrontation au pouvoir, cette confrontation aux difficultés des autres... », répétait-il.

Marc va rendre le tablier syndical en 1985 à Emmanuel Join Lambert sans pour autant tourner la page de l’engagement au service d’une agriculture durable et rémunératrice. C’est au CES (Comité Economique et Social), devenu depuis CESER, et en tant que conseiller régional sous la présidence d’Antoine Ruffenacht, son cadet de 6 ans, qu’il poursuit son combat.

Marc a assumé de multiples autres responsabilités : dans l’assurance agricole, à la présidence de la FNC (Fédération Nationale du Cheval) sur l’insistance de François Guillaume. Mais ce dont il peut être le plus fier, c’est la fratrie De Wever. Avec Anne-Marie, qui dans l’ombre l’a soutenu au quotidien, il a eu 4 filles (Fabienne, Véronique, Isabelle et Delphine) et un fils (Patrick) qui a repris l’exploitation familiale dans les pas de son père. Nos pensées se tournent aujourd’hui vers eux et leurs 14 petits-enfants et 4 arrière-petits-enfants. Marc repose désormais en paix au cimetière de Sacquenville.

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