Métha : les points de vigilance pour garantir la sécurité sur site.
Les partenaires Métha’Normandie ont organisé, mardi 28 novembre 2023, un webinaire dédié à la prévention et
la sécurité sur les sites de méthanisation. Thierry Royer, agriculteur méthaniseur dans l’Orne, a témoigné.
En Normandie, 188 unités de méthanisation sont en fonctionnement à ce jour, dont « une quinzaine en injection depuis 2023 et 23 unités en cours de construction. Elles rentreront en service dans les prochains mois », spécifie Madeleine Bréguet, cheffe de projet bioénergies pour les Chambres d’agriculture de Normandie. Pour répondre à cette attractivité de la filière, une conférence en ligne a été organisée mardi 28 novembre. « Face à une belle dynamique de nouvelles installations de méthanisation, le nombre de personnes qui travaillent sur les unités, les maintenances et les constructions est de plus en plus important. Ces activités comportent des risques bien spécifiques, liés aux exploitations agricoles, mais pas seulement », confirme l’experte.
MÉTHANISEUR, DIVERSIFICATION
Thierry Royer est agriculteur près d’Argentan, dans l’Orne, depuis 2022. Lorsqu’il a repris l’exploitation familiale, l’activité principale était tournée vers les céréales. « On cultive du blé, de l’orge, du maïs et du colza. Nous sommes couplés à une entreprise de travaux agricoles avec un rayon d’action d’une dizaine de kilomètres seulement », explique-t-il. Fort d’une première diversification en 2009 – la ferme a investi dans une plateforme de compostage sur site, en lien avec les déchetteries du Sitcom région d’Argentan – Thierry Royer a misé sur la méthanisation en injection à son arrivée aux commandes. « L’unité a été construite en collaboration avec un élevage laitier et deux porcheries. Le méthaniseur récupère les effluents d’élevage et les matières vertes de mon exploitation », déclare-t-il.
UNE CIRCULATION FLUIDE
« La sécurité, c’est un souci de tous les jours parce qu’il y a beaucoup de trafic sur un même site », concède Thierry Royer qui emploie trois salariés et deux apprentis. Transport des matières premières, broyage, travaux d’ensilage, etc. : les postes d’activité sont nombreux. L’exploitant a donc dû mettre en place des organes de sécurité adaptés. Thierry Royer recommande avant toute chose que le site soit fermé au public extérieur pour éviter les accidents, mais aussi que la circulation soit facilitée. « Il faut faire attention à ériger des voies de circulation assez fluides. Autrement, les accidents arrivent souvent quand on fait des marches arrière ou des demi-tours. Il faut donc pouvoir tourner autour du méthaniseur et des silos sans croisement avec d’autres engins », remarque-t-il.
BALISER ET ÉCLAIRER
Des lumières ont également été disposées sur l’intégralité du site pour éclairer les passages et voies d’action et faciliter les interventions de nuit. « On a aussi fait des allées bétonnées pour que ce soit plus agréable pour marcher et des rampes d’escalier robustes. Des rampes au niveau des fosses à lisier et des enrouleurs au niveau de l’aire de nettoyage […] La sécurité rime avec le confort de travail. L’un amène l’autre. », admet Thierry Royer. Le personnel dispose également de lampes frontales et de lampes torches, ainsi que de vêtements adaptés.
ORGANES DE SÉCURITÉ
Sur site, il est également possible de disposer de détecteurs de méthane pour prévenir d’éventuelles fuites de gaz. Parmi les principales causes d’accidents en méthanisation, l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) observe principalement des intoxications en espace confiné ou des problèmes de chute sur site. Au total, 130 événements ont été recensés entre 1996 et 2020. C’est pourquoi, avec l’ABC de la sécurité – un guide des bonnes pratiques – la filière travaille à mettre à disposition des outils à destination des exploitants et intervenants externes - à retrouver sur le portail Métha’Normandie.