Nous avons sauvé le soldat Betterave
L'objectivité économique l'a emporté sur la subjectivité environnementale. La sole betteravière, et les sucreries qui vont avec, sont sauvées au moins jusqu'en 2024. Les explications d'Alexandre Quillet, président de la CGB 27.
Que retenir de la campagne 2020/2021 ?
Au plan national, une campagne fortement impactée par la sècheresse et la jaunisse virale ce qui conduit à une production de 27 Mt en France à comparer à une moyenne 3 ans de 42 Mt soit - 35 % sur la base de cet historique. Le rendement moyen 2020 ressort à 64,5 t
à 16o (base forfait collet 7 %) soit 27 % de moins que notre moyenne quinquennale. Cette moyenne cache de grandes disparités avec des secteurs au sud de Paris à 35 t/ha et d'autres tels que la Seine-Maritime ou le Nord/Pas-de-Calais moins impactés par la jaunisse sur des moyennes de résultats de 85 t/ha. 2020 aura été une campagne courte avec 5 usines en dessous de 60 jours et une moyenne France à 94 jours, très loin des objectifs recherchés par la filière à 120 jours. Pour notre département, nous avons été impactés par le sec et la jaunisse de manière importante avec un gradient de dégradation des résultats de l'ouest vers l'est. Les planteurs livrant à la sucrerie d'Etrepagny enregistrent des rendements moyens de 66 t à 16o (62 t à forfait collet 7 %). Au niveau de la qualité, le taux de betteraves non marchandes a légèrement augmenté en fin de campagne. Par contre, la déception a porté sur les niveaux de richesse légèrement en dessous de 17o en moyenne, mais avec un nombre de silos en dessous de 16o jamais observé par le passé sur décembre et janvier.
Dans ce contexte, le retour de la dérogation néonicotinoïde est une bonne nouvelle ?
Je ne saute pas au plafond parce que cette dérogation est accompagnée de contraintes culturales de N+1 à N+3, mais nous avons sauvé le soldat betterave, au moins jusqu'en 2024. Dans le cas contraire, 6 sucreries françaises auraient fermé en 2021 et les autres l'année suivante.
Mais la betterave sans néonicotinoïde, c'est possible ?
Nous disposons de 1 000 jours pour trouver des solutions qui ne seront sans doute pas parfaites, mais qui, combinées, permettront peut-être la culture de la betterave sur notre territoire de façon pérenne. Je pense à la recherche sur des variétés plus résistantes même si elles sont moins productives, aux nouvelles technologies comme les NBT (New Breeding Technique), à l'utilisation des biocontrôles... L'ITB (Institut Technique de la Betterave) est mobilisé en partenariat avec l'INRAE (Institut National de la Recherche Agronomique et Environnementale), l'ITSAP (Institut Technique et Scientifique de l'Apiculture et de la Pollinisation) entre autres.