Optimiser son semis de maïs
« Parce que chaque parcelle est différente, il est nécessaire d’adapter la densité de semis de chaque variété pour maximiser le rendement », estime Marine Nevannen,
ingénieur chez Dekalb, marque du groupe Bayer produisant et commercialisant des semences de colza, de maïs fourrage et grain. Entretien !
Quel est votre coeur de métier ?
Il réside dans la connaissance de notre génétique et l’avancement des bons produits s’adaptant à chacune des parcelles pour apporter productivité et tranquillité aux utilisateurs que sont les agriculteurs.
Concrètement, comment procédez- vous ?
Classiquement, pour tester une variété, nous mettons en place des microparcelles ( 3 m sur 10 m ) sur une multitude de sites. Ainsi, sur une microzone, nous récoltons des données fiables en maitrisant l’effet environnement. Cette étape reste primordiale pour la connaissance de nos produits mais cela ne s’arrête plus là. A partir de 2015, nous avons entrepris de mettre en place des technopôles partout en Europe pour augmenter la connaissance de nos hybrides en prenant cette fois en compte leur réaction face à l’hétérogénéité des parcelles et la densité de semis. L’investissement de Dekalb dans ces plateformes est immense pour augmenter la connaissance de nos variétés de maïs.
Quelles sont les différentes étapes d’acquisitionde données ?
On en dénombre six. Tout d’abord la définition du potentiel de la parcelle avec la réalisation d’une carte de conductivité ou résistivité sur une parcelle plus l’ étude de la texture et de la chimie du sol pour identifier le facteur limitant de la parcelle, l’observation des horizons, la topographie et l’étude de l’historique de la parcelle avec des anciennes photos de la par-celle. Cette étude théorique est soute-nue par l’expérience de l’agriculteur. Deuxième, la définition du protocole. Cinq densités (de très faibles à très élevées) appliquées à Travailler plus vite et pour moins cher nos hybrides répétées de la Pologne à la Bretagne pour multiplier les environnements. Arrive alors le semis grâce à un semoir de précision modulant automatiquement mètre par mètre et équipé des dernières technologies pour obtenir la meilleure régularité de semis possible. Nous suivons ensuite chacune des parcelles pour observer la réaction des hybrides à la densité dans un potentiel donné. Cinquième étape : la récolte des données (ensileuse ou moissonneuse équipée de cartographie embarquée de rendement et valeurs alimentaires). Dernière étape, l’analyse. Un arbre de décision en découle pour chaque variété en fonction d’un potentiel donné, cette recommandation est calculée en prenant en compte le coût de la semence.
Comment garantissez- vous la fiabilité du dispositif ?
Notre force réside dans le nombre de données acquises : 980 ha de techno-pôles pour obtenir environ 1 500 données par variété sur plusieurs années dans des conditions géographiques contrastées. Onze essais entre l’Allemagne et la France sur le maïs fourrage et 35 en grain partout en Europe ont été menés. Sur chacun des sites, nous avons construit avec l’agriculteur, le distributeur, l’ETA ou la Cuma, une expertise autour de la parcelle pour connaitre ses zones limitantes et plus favorables. Aussi, ces zones nous ont permis d’appliquer plusieurs densités sur une même parcelle pour optimiser le rendement. Une fois ce travail réalisé, nous avons testé nos recommandations : alterner une bande modulée mètre par mètre en fonction du potentiel du sol en comparaison avec une bande fixe à la densité habituellement semée par l’agriculteur. Les résultats sont épatants: jusqu’à 116 euros de gain sur un parcelle très hétérogène. En moyenne, 44 euros de gain à l’hectare en fourrage.