Phosphine : la France a un incroyable talent, celui d'interdire ce qui est obligatoire partout ailleurs...
De cette spécialité nationale à se tirer une balle dans le pied et dont le monde agricole fait trop souvent les frais, la dernière « innovation » en date est à nouveau signée de l'Anses. En interdisant les conditions d'utilisation de la Phosphine qui protègent les cargaisons de céréales françaises destinées à l'exportation vers les pays tiers, l'agence place la France dans un imbroglio technocratique ubuesque unique au monde.
Dans le contexte actuel, comment est-il possible d'hypothéquer l'expédition de pas moins de 12 millions de tonnes de céréales par une réglementation contraire à celle exigée par les pays importateurs qui en ont besoin pour leur sécurité alimentaire ?
DE QUOI S'AGIT-IL EXACTEMENT ?
La phosphine, destinée à protéger les cargaisons de céréales des insectes est homologuée, c'est son application en contact direct qui est refusée alors que nombre de pays importateurs l'exigent, un simple problème de mode d'emploi en somme.
Mais une fois de plus, les pleins pouvoirs conférés à l'agence révèlent les limites d'interdictions imposées sans recherche d'alternatives ni de concertation constructive.
Depuis octobre 2022, l'AGPB et la filière céréalière alertent et se mobilisent pour construire des solutions cohérentes et répondre aux interrogations de l'ANSES. Toutes les parties prenantes de notre filière ont joué le jeu pour finalement constater que les exigences de l'agence, sans cesse revues à la hausse ne permettraient pas de tenir les échéances de la dérogation valable jusqu'au 25 avril.
Que se passera-t-il en l'absence de solution à cette date ? Peut-on imaginer un seul instant de sortir du jeu la France, 4ème puissance exportatrice mondiale et contributrice excédentaire de notre balance commerciale à la hauteur de 11,5 milliards d'euros en 2022 ?
Évidemment non. C'est l'objet de notre mobilisation intense de ces dernières semaines auprès des pouvoirs publics et notamment du ministère de l'Agriculture et de la souveraineté alimentaire.
C'est aussi la raison de notre engagement médiatique pour déclencher une véritable prise de conscience auprès de l'opinion et des décideurs et dénoncer les dérives d'une règlementation déconnectée des principes de réalités économiques et géopolitiques.
Si cette situation surréaliste venait à perdurer, les conséquences seraient alors dramatiques pour les pays qui dépendent de nos céréales, il est encore temps de retrouver le chemin du bon sens !
Notre mobilisation porte progressivement ses fruits : lors des séances de questions au gouvernement, successivement à l'Assemblée nationale puis au Sénat cette semaine, les ministres Marc Fesneau et Christian Becht ont clairement envoyé un signal rassurant « La France va continuer d'exporter des céréales auprès des pays tiers. Elle va le faire dans le cadre du droit européen ».
Néanmoins, et au regard de la complexité de ce dossier, nous maintenons notre mobilisation totale et resterons extrêmement vigilants sur les solutions concrètes qui nous seront proposées dans les jours à venir.