Plan de relance, un véritable levier pour la Normandie.
« Ne regardons pas passer les enveloppes », prévient Laurence Sellos, vice-présidente de la chambre régionale d’agriculture de Normandie et présidente de la chambre d’agriculture de Seine-Maritime. Pour la profession agricole, la plan de relance est une opportunité qu’il faut saisir sans tarder.
Est-ce que la profession agricole est satisfaite du montant de l’enveloppe dédiée à l’agriculture ? Comment ce secteur d’activité se porte-t-il après deux confinements ?
Nous estimons que nous avons été bien défendus par le ministre Julien de Normandie qui a obtenu 1,2 milliard d’euros pour l’agriculture, sur les 100 milliards du plan de relance national. 19 mesures ont été définies avec une enveloppe attribuée à chacune. Reconquérir notre souveraineté alimentaire, proposer une alimentation durable saine et locale pour tous les Français et accompagner les adaptations nécessaires au changement climatique sont les trois priorités. Le premier confinement a touché différents secteurs agricoles avec des pertes de chiffre d’affaires compliquées à estimer. Cependant, par rapport aux commerces dits non essentiels, aux bars et restaurants, nous devons reconnaître que le secteur agricole n’est pas à proprement parler le plus sinistré. Aujourd’hui, nous sommes cependant inquiets pour les producteurs qui vendent des produits qui tournent autour des repas de fêtes. La fermeture des restaurants est toujours prégnante avec des baisses de chiffre d’affaires dans les secteurs de la pomme de terre industrie et celui de la viande. Les inquiétudes se portent à moyen terme sur la consommation des ménages hors et à domicile. Les GMS commencent à mettre la pression aux industries agroalimentaires lors des négociations commerciales, arguant une baisse généralisée du pouvoir d’achat. Cela ne manquera pas de peser sur les prix payés aux producteurs.
Quand le contenu détaillé des 19 mesures sera-t-il connu ?
Les premières fiches action viennent de sortir, depuis le 2 décembre, et concernent pour le moment la structuration des filières : les gros projets de coopératives et les protéines végétales. La fiche action concernant le plan de modernisation des abattoirs va sortir le 15 décembre. Concernant les mesures directement en faveur des agriculteurs, les premières fiches actions vont concerner les aides aux investissements en agro équipements pour faire face au changement climatique et pour diminuer l’utilisation des intrants. Les appels à projet vont s’ouvrir le 4 janvier prochain. Les taux d’aides iront de 20 à 40 %. Il y aura une liste très précise des matériels concernés. Pour les autres mesures, les dispositifs suivront rapidement mais pour le moment nous n’avons pas de dates.
Quel va être le rôle des chambres d’agriculture ?
Dans le but de remplir leur mission d’information, les chambres d’agriculture vont communiquer très rapidement dès que la DRAAF sortira les fiches actions. Des moyens importants vont être mobilisés pour informer les agriculteurs. France Agrimer sera l’instructeur, les dossiers seront traités au fil de l’eau. Il n’y aura qu’un dossier par appel à projet. Quelques mesures sont adossées au Feader et passeront donc par la case instruction de la Région : le bien-être animal, la biosécurité, les plantations de haies. Les chambres pourront venir en appui administratif auprès des agriculteurs qui veulent monter un dossier, mais nous sommes battus pour un processus très simple et nous avons été entendus. Les dossiers seront à remplir exclusivement sur internet. Bien sûr, il ne faudra pas hésiter à contacter et demander des informations à son conseiller chambre. Pour chaque mesure, un référent pourra répondre aux interrogations des conseillers. A côté de l’appui administratif, les services des chambres auront également un rôle important d’accompagnement et de conseil plus ciblé sur les mesures. Citons par exemple le diagnostic du bilan carbone pour les jeunes agriculteurs, le diagnostic bien-être animal, le plan bâtiment… Nousallons devoir être hyper réactifs, il ne s’agit pas de regarder passer les enveloppes. C’est pour nous un vrai challenge pour permettre aux agriculteurs de s’engager dans desdémarches d’amélioration.
Quelles conséquences sur le fonctionnement des chambres ?
Cette opportunité ne se représentera pas deux fois. C’est pourquoi nous faisons de ce plan de relance une priorité, qui nécessite une réaffectation des effectifs pour réussir ce challenge. Cela va nécessiter des arbitrages et bousculer un peu l’organisation durant plusieurs mois. Mais c’est un formidable levier ! Des opportunités pour la Normandie : le plan protéines végétales, le pacte biosécurité, le bien-être animal… Il y a tellement d’attentes sociétales sur ces sujets. Et n’oublions pas les mesures en faveur d’un approvisionnement local des collectivités. Nous avons de grandes industries agroalimentaires en Normandie. Ce plan doit permettre de booster le développement des circuits de proximité.