Plan pollinisateurs : les grandes lignes dévoilées.
Les ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique ont dévoilé le 20 novembre les grandes lignes du « plan pollinisateurs ». Doté d’un budget de 115 millions d’euros, il est mis en œuvre pour cinq ans.
Le Plan pollinisateur sera publié, avec l’arrêté correspondant, la liste des cultures non attractives ainsi que la synthèse des 17 000 contributions de la consultation publique « dans les tout prochains jours », ont indiqué conjointement les ministères de l’Agriculture (MAA) et de la Transition écologique (MTE) le 20 novembre. Budgété à hauteur de 115 millions d’euros, notamment à partir de la PAC, des fonds de l’Agence nationale de la recherche (ANR), d’Ecophyto et des collectivités locales, ce plan contient six axes. Le premier vise l’amélioration des connaissances scientifiques. Le MAA et le MTE veulent « mobiliser le monde de la recherche UE et France pour mieux connaître les pollinisateurs » sur lequel de nombreuses données manquent. Le deuxième axe concerne l’activation de leviers économiques pour préserver les pollinisateurs domestiques et sauvages. Il regroupera quatre actions spécifiques, parmi lesquelles un volet sur la sélection des abeilles et la mise en place de couverts mellifères dans les collectivités locales. Le troisième axe s’appuiera sur la doctrine « Eviter, réduire compenser » avec la rédaction prochaine d’un guide.
Dérogations possibles
Le quatrième axe consistera à préserver le bon état de santé des pollinisateurs contre les risques climatiques, sanitaires, etc. Pour ce faire, plusieurs leviers seront développés comme la formation des agriculteurs et la mise en place d’un observatoire de la mortalité des abeilles. Le cinquième axe a trait à l’élargissement de l’arrêté de 2003 à l’ensemble des intrants (fongicides, herbicides…) et à la mise en place de créneaux horaires pour épandre les intrants : 2 heures avant le coucher du soleil et jusqu’à 3 heures après. « Cette dernière mesure fera l’objet d’une expérimentation », assure-t-on auprès des deux ministères. Mais cette expérimentation n’est pas encore cadrée, ajoute-t-on. Cependant, des dérogations pourront être accordées, notamment pour des traitements d’urgence avec des fongicides ou quand des mesures peuvent apporter des garanties équivalentes en termes de protection des pollinisateurs, sous couvert d’une évaluation faite par l’Anses et l’Inrae (1). Enfin sixième axe : le partage des bonnes pratiques agricoles. L’objectif est ici de récupérer, compiler et déployer ces bonnes pratiques protectrices des pollinisateurs, notamment à travers le Contrat de solutions initié par la FNSEA. Le plan qui fera l’objet d’un comité de suivi regroupant l’Etat, les filières agricoles, les apiculteurs, les associations environnementalistes, les instituts techniques, etc. prévoit aussi d’évaluer le risque de tous les pesticides, dont les herbicides et fongicides, pour les pollinisateurs en vue d’une possible restriction, voire d’une interdiction de traitement sur les cultures attractives en floraison.
3 à 5 milliards d’euros
Promis par le Gouvernement en août 2020, le plan pollinisateur a été en partie dévoilé le 20 novembre par le Gouvernement. Ce plan qui s’appliquera lors des cinq prochaines années a pour objectif de stopper le déclin des insectes pollinisateurs (abeilles, guêpes, bourdons, papillons, coccinelles, mouches…), indispensables à l’agriculture. « Leur fonction est essentielle, y compris économiquement. Les experts estiment la valorisation de leur service rendu entre 3 et 5 milliards d’euros par an », explique-t-on dans l’entourage du ministre de l’Agriculture. Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature
(UICN), entre 40 % et 75 % des insectes du globe sont en train de disparaître et pas moins d’une espèce sur dix de pollinisateurs serait au bord de l’extinction. Ce mouvement touche aussi la France avec des taux de mortalité pouvant aller jusqu’à 30 % pour les abeilles domestiques et sauvages.