Port de Rouen : l’export de céréales vers un record historique.
Fin juin, les exportations de céréales via le port de Rouen
devraient se rapprocher du record historique des 9.2 millions de tonnes
« Le trafic du port de Rouen a augmenté de 10 % et l’activité céréales est en grande partie responsable de cette situation. On s’achemine vers une année historique. Au 30 juin, on devrait atteindre les 9 millions de tonnes de blé et d’orge exportées principalement vers les pays du Maghreb, Algérie et Maroc. Depuis le 1er avril, les tonnages traités sont du surplus par rapport à l’année dernière », explique Éric Eskinazi, directeur adjoint de la Bourse de Commerce de Rouen. Ces très bons chiffres d’exportation sont principalement dus à la qualité exceptionnelle de la récolte 2019. « L’excellent rapport qualité/prix des céréales françaises est la première raison de ce record historique. Nous sommes compétitifs et avons une marchandise d’une qualité extraordinaire avec un niveau de protéine élevé. En second lieu, la crise du Covid-19 a également eu un impact sur l’activité du port de Rouen : avec la pandémie, l’Algérie et le Maroc ont acheté plus de blé panifiable pour préserver leur population de pénurie alimentaire. De plus, les dockers argentins et brésiliens ont fait valoir leur droit de réserve et les bateaux n’ont pas été chargés dans ces pays », précise Stéphane Ménard, président de la BCR. Dans les semaines à venir, on s’attend à un ralentissement progressif, mais ce qui est tout à fait normal car la fin de campagne approche.
UN OUTIL CÉRÉALIER CAPABLE DE RÉPONDRE À LA DEMANDE
63 % des blés qui partent de Rouen prennent la direction de l’Algérie. 500 000 tonnes seront à sortir en juin pour ce pays. Le Maroc reviendra également sur le marché. Cette forte dépendance à l’Algérie incite à trouver de nouvelles destinations, en particulier les pays d’Afrique de l’Ouest qui sont des marchés à développer. « Avec cette campagne d’exportation extraordinaire, il n’y aura plus beaucoup de stocks de report. La récolte 2020 sera certainement plus faible. Les surfaces semées en blé ont diminué de 5% et on s’attend à une production moindre. Il y a eu beaucoup d’emblavements d’orge d’hiver et de printemps mais le marché de l’orge ne connaît pas un gros dynamisme. Moins cher que le blé, l’orge devrait intéresser les fabricants d’aliments et laisser la place pour le blé à l’export. Bien sûr tout cela dépendra de la qualité de la récolte », ajoute le président. Avec la crise du Covid-19, le port du Havre a souffert de la baisse du trafic des containers de 30 % ainsi que de la diminution des importations des produits pétroliers. Le port de Rouen a, quant à lui, poursuivi son activité grâce à la grande diversité des trafics. « Tous les silos fonctionnent très bien. L’acheminement de la marchandise jusqu’au port n’a pas été impacté. Il y a eu un bon développement de la partie fluviale et ferroviaire dans une moindre mesure. Le routier reste bien sûr prédominant. Nous avions des craintes par rapport à l’approvisionnement des silos mais tout s’est très bien passé. Nous avons eu très peu de problèmes liés au Covid-19. Tout le personnel des entreprises du port est heureusement en bonne santé et fonctionne à 80 %. C’est un secteur d’activité habitué à porter des masques pour se protéger de la poussière. L’outil port de Rouen est bien dimensionné pour faire face à des surcroîts de travail et nous pouvons être très satisfaits car l’outil d’exportation céréalier fonctionne bien et répond à la demande », conclut Éric Eskinazi.