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Pour un tour du monde de l'élevage porcin.

À l'occasion des assemblées générales de l'Association régionale interprofessionnelle porcine (ARIP normande) et de l'Union normande des groupements porcs (UNGP), mercredi 19 juin, l'Institut du porc, représenté par Élisa Husson, a exposé l'évolution de la production porcine et du modèle d'élevage dans les principaux pays européens et du monde. Un tour non exhaustif des élevages.

"Le modèle porcin français est historiquement résilient, autonome et familial. Malgré un taux d'autosuffisance en baisse, le marché reste à l'équilibre", précise Élisa Husson, ingénieure à l'Ifip.
© AL

"La production mondiale est en croissance, mais de manière inégale selon les pays producteurs, introduit Élisa Husson, ingénieure à l'Ifip, venue présenter l'évolution de la production porcine et du modèle d'élevage de différents pays. C'est le cas de l'Asie, gangrenée par la fièvre porcine africaine. Malgré tout, elle se concentre sur la dynamique d'élevage de grande taille, notamment en Chine avec les immeubles d'élevage. 70 % de la production chinoise est réalisée par des élevages de grande taille, endettés pour reconstituer les cheptels. La consommation a chuté, impactée par le ralentissement économique du pays. C'est un modèle qui tente de se restructurer, et qui est toujours très problématique, puisque dépendant de l'extérieur notamment pour la disponibilité en soja et fortement soutenu par les pouvoirs publics."

Qu'en est-il des USA ?

Un modèle spécialisé, concentré et intégré. "Les élevages s'agrandissent au fil des ans. Quasiment l'entièreté de la production américaine est, soit sous contrat de commercialisation (environ 64 %), soit au régime de l'intégration (à environ 34 %). Et pour autant, elle a subi une année 2023 compliquée avec une baisse assez forte du nombre de truies. Les grands groupes détiennent la majorité des porcs et, malgré tout, ce modèle n'a pas permis de résister à une année financièrement compliquée. La consommation intérieure est touchée par l’inflation post-covid. La répercussion difficile des prix entre l'amont et l'aval de la filière n'aidant pas. De gros groupes ont fermé des sites d'élevage, notamment le groupe leader Smithfield dont une trentaine de sites a disparu. L'export reste néanmoins dynamique et soutient la filière, très compétitive au niveau du prix et qui a des opportunités de marché vers l'Asie et l'Amérique latine."

Au brésil ?

C'est un gros compétiteur ayant des coûts de production les plus bas. "Un avantage compétitif majeur sur les marchés. 80 % de la production y est réalisée par de grands groupes intégrateurs, privés ou coopératifs."

"Un repli historique pour l'UE27"

La baisse de la production européenne a été intense, "nous avons perdu 17 millions de porcs à abattre rien qu'en 2023. C'est un repli historique. Tous les pays européens n'ont pas résisté de la même manière". C'est notamment le cas du Danemark, qui a "perdu 8 % de ses truies en deux ans. Le pays semble avoir atteint ses limites. Le cheptel porcin est à son plus bas niveau en 2023 avec - 31 % d'élevages de truies en dix ans", indique Élisa Husson. Avec une demande de l'Asie qui est en baisse, "les Européens souffrent et voient leurs exportations se réduire. C'est le cas de l'Espagne qui a un marché orienté export. Tous les pays ont réduit le nombre de porcs abattus. Certains leaders de l'aval ont dû réorganiser leur activité comme en Allemagne (où l'épidémie de fièvre porcine africaine n'est toujours pas maîtrisée et les débouchés à l'export restent limités) avec la sortie du géant du marché allemand. C'est le cas de la France avec la réorganisation de lignes de productions ou le géant danois DanishCrown, qui a fermé deux outils dernièrement". Côté espagnol, "le marché patine sous l'effet des problèmes sanitaires et économiques. Le marché est saturé et dans certains secteurs, il n'est plus possible d'implanter des élevages".

La France
dans tout cela ?

"Elle connaît une baisse importante de l'offre nationale, mais est résiliente." Le taux d'auto-approvisionnement est passé de 103 % en 2022 à 101 % en 2023. "Mais le modèle français a des atouts indéniables : la résilience liée à des modèles cohérents, la filière est équilibrée, les modèles sont familiaux. Le naissage engraissement restera dominant en nombre de porcs produits."

Le mot de la fin ?

"2024 sera l'année d'un établissement d'un nouvel équilibre entre offre et demande. La chute de l'offre est en pause, les opportunités de demandes sont limitées sous réserve d'un volet sanitaire maîtrisé. Le taux d'autosuffisance au niveau UE27 devrait se maintenir autour de 111 % versus 120 % en 2020 et 2021, explique l’ingénieur. La restructuration du secteur de l'abattage européen devrait se poursuivre."

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