Prairies permanentes : apprendre à les (re)considérer à leur juste valeur !
Peu productives, non résistantes aux sécheresses, envahies de plantes invasives, pour les animaux à faible besoin, les surfaces en prairie permanente sont souvent mal considérées. Pourtant, à y regarder de plus près, elles pourraient vous surprendre à condition d’apprendre à les gérer suivant vos besoins.
Explications.
On estime qu’une prairie permanente normande peut produire entre 3 TMS/ha et 8 TMS/ha en fonction du type de sol, des pratiques agricoles et la méthode de pâturage. La première étape est d’aller observer chacune de ses parcelles en prairie, en faire un diagnostic précis pour ensuite mettre en place les leviers d’amélioration si nécessaire. Toute prairie peut s’améliorer quantitativement et qualitativement. Pour cela, différentes possibilités comme l’alternance fauche et pâturage pour permettre de limiter les adventices, le redécoupage des parcelles pour mieux valoriser la biomasse disponible, ou bien encore une meilleure disposition des abreuvoirs pour éviter les refus.
TRAVAILLER AUSSI LA PISTE DE LA FERTILISATION SI BESOIN
Rarement bichonnées, ces surfaces ne sont pas les premières servies dans une exploitation en fertilisation organique ou minérale, souvent destinée aux cultures annuelles ou aux prairies de fauche. Un diagnostic nutritionnel sur prairie longue durée permet de connaître rapidement des éventuels carences en N, P, K,Ca, Mg, Na (Ex : analyse foliaire DNP au Lano, 30 € HT) vous permettra de pouvoir agir de manière précise si carence il y a. A moindre coût, si votre prairie est multi espèces et comporte plus de 35 % de légumineuses, la quantité d’azote produite par celles-ci sera vraisemblablement suffisante pour répondre aux besoins des graminées. Au pâturage, 10 à 20 % de l’azote est restitué par les déjections des animaux contribuant ainsi directement à l’alimentation azotée de la prairie. Cette quantité dépend du chargement et du temps de présence au pâturage mais la quantité d’azote issue des restitutions valorisables parles plantes pouvant s’élever à 40 kg d’azote/ha/an, est loin d’être négligeable. En Normandie, un ensemble d’expérimentations sont en place, dans le cadre du projet européen Super G, pour vous apporter des références nouvelles sur les prairies permanentes.
En effet, l’Observatoire de la Croissancede l’herbe, chaque semaine au printemps et à l’automne permet d’avoir des croissances mesurées sur une trentaine de sites en Normandie y compris sur des prairies permanentes. L’expérimentation Chronopâture, menées sur trois fermes, en partenariat avec Adventiel teste un collier connecté. Il permet de mesurer automatiquement grâce à un GPS le temps de pâturage au global pour répondre à des cahiers des charges avec un nombre de jours de pâturage à respecter mais aussi à la parcelle pour estimer sa productivité. Des essais de prairies multiespèces adaptées à la sécheresse sur trois plateformes avec des mélanges adaptés à la fauche et une plateforme pour le pâturage à la ferme expérimentale de la Blanche Maison. Des visites seront possibles dès le printemps prochain.
DE L’HERBE MAIS PAS QUE !
En fonction de la technique de pâturage, d’alternance fauche-pâturage et de l’augmentation de la fertilité du sol, on peut rendre les prairies permanentes productives et leur permettre de contribuer en bonne place à l’autonomie fourragère de l’exploitation. Au-delà de la biomasse offerte par la prairie, de nombreux autres services ou fonctions sont associés. Citons par exemple, le rôle filtrant des prairies qui permettent d’améliorer la qualité de l’eau des nappes phréatiques, l’enjeu biodiversité de ces surfaces qui augmentent en fauche tardive ; la lutte contre l’érosion des sols qui permet de maintenir la matière organique grâce à la couverture du sol et l’enracinement de la prairie ou encore le rôle de stockage de carbone sous la prairie trois plus importante que les surfaces en céréales. Les prairies normandes y compris celles permanentes sont une vraie richesse qu’il faut apprendre à considérer comme telle et sans doute encore plus désormais avec de plus amples variations thermiques au regard de l’ensemble des services que ces surfaces sont à même de rendre.