Qualité de l’eau : 110 e/ha en moyenne de prime d’intéressement environnemental.
Sur le territoire du Roumois et du Plateau du Neubourg, la qualité de l’eau fait l’objet d’une attention toute particulière. SERPN (Syndicat d’Eau du Roumois et du Plateau du Neubourg) et agriculteurs travaillent main dans la main dans une démarche novatrice de PSE (Paiement pour Services Environnementaux). Règle du jeu : pas d’obligation de moyens mais obligation de résultat et ça marche.
« Faire d’une contrainte une opportunité ». Ainsi s’exprime Jacques Fauvel, producteur de blé, colza, betteraves sucrières, lin, pommes de terre et miscanthus sur 147 hectares à Ormes. Une exploitation située sur le BAC (Bassin d’Alimentation de Captage) du Tremblay-Omonville où la concentration en nitrates mesurée est au-delà du seuil de vigilance à 37,5 mg/l puisqu’elle varie plus autour de 45 mg/l. Face à ce constat, le SERPN, en concertation avec les agriculteurs, a lancé en 2019 un véritable plan de bataille pour la reconquête de la qualité de l’eau à travers un programme européen qui expérimente une nouvelle façon d’aider le monde agricole à préserver la ressource. C’est un système assez révolutionnaire, appelé Paiements pour Services Environnementaux (PSE), qui apporte des aides financières aux agriculteurs engagés dans la démarche en fonction des résultats obtenus, peu importe les moyens. « Encore une contrainte de plus, craignait au départ Jacques Fauvel, mais le contact et la communication avec les collaborateurs du SERPN ont été d’un bon niveau. Nous avons fait d’une contrainte une opportunité pour progresser sans que cela ne nous coûte trop cher. Le PSE compense un peu les coûts induits par de nouvelles pratiques ».
Un simple couvert
De nouvelles pratiques ? Le terme est peut-être un peu fort puisqu’il s’agit, à Ormes, d’implanter des couverts végétaux pièges à nitrates (phacélie, sarrasin, trèfles, lin...) après moisson puis broyés au cours de l’hiver. La petite différence, c’est l’approche technico-pragmatique. Pas de date butoir administrative pour semer ou broyer, Dame Météo commande encore. La recherche de mélanges adaptés en fonction de la nature du sol et des objectifs visés fait l’objet de toutes les attentions. Si l’on ne se contente pas forcément de mélanges tout faits, l’heure est encore à l’acquisition de connaissances. Le travail de groupe et l’échange y ont toute leur place. Seul le résultat compte, pas les moyens. Il est calculé sur les reliquats azotés entrée-sortie hiver et ça marche plutôt pas mal. 119 des 188 parcelles sont passées au vert, mieux que la directive nitrates.
61 agriculteurs sur 125
De 47 agriculteurs pionniers en 2019, ils sont désormais 61 à adhérer à la démarche sur un potentiel de 125 sur le BAC de Tremblay-Omonville. Un chiffre en trompe-l’œil puisque ce taux d’adhésion en nombre d’exploitations de 49 % représente 75 % de la surface du territoire concerné.
Côté monnaie sonnante et trébuchante, l’enveloppe PSE 2019 s’est élevée à 160 000 € pour 50 exploitations. En 2020, 145 000 € pour 55 exploitations pour une moyenne de 110 €/ha. A ce bonus individuel, s’ajoute un bonus collectif pour éviter le découragement. L’enveloppe 2020 affiche 42 480 € au compteur.
Demain les autres BAC
De quoi encourager toute l’équipe SERPN, Julie Leboulenger (directrice technique) et Marine Gratecap (chargée de mission) en tête, à ne surtout pas baisser la garde. En effet, 3 des 13 captages sont prioritaires. Au-delà des nitrates, la problématique pesticides pointe le bout de ses résidus. Un prochain chantier à n’en pas douter. « Dans toutes les opérations que nous menons, nous sommes très soucieux de privilégier une démarche préventive plutôt que curative sur la base d’un dialogue constructif », se veut rassurant Fabien Artaud (vice-président du SERPN). Et le mot de la fin pour Marie-Hélène Mettais, double casquette vissée sur la tête,qui fait remarquer que la qualité de l’eau n’est pas la seule affaire des agriculteurs.