Réduire les émissions d'ammoniac dans les évelages
Pour répondre à l’objectif de réduction de la pollution atmosphérique liée à la volatilisation d’ammoniac, des leviers sont mobilisables au niveau de l’élevage, que ce soit en matière d’alimentation, de gestion et de stockage des effluents ou d’épandage.
La France, premier producteur agricole de l’Union européenne, est le 2ème émetteur d’ammoniac. Pour atteindre les objectifs de réduction de la volatilisation de l’ammoniac de 13 % d’ici 2030 (engagement de la France auprès de la Commission européenne), plusieurs leviers peuvent être actionnés par les éleveurs. Des pistes exposées par le Comité français d’étude et de développement de la fertilisation raisonnée (Comifer) le 14 mars, à l’occasion d’une journée technique sur la qualité de l’air et la fertilisation. Si l’on prend le cas des bovins, qui contribuent à presque la moitié des émissions d’ammoniac nationales, la pâture n’est responsable que de 15 % des émissions.« 85 % des émissions sont en lien avec la chaîne de gestion des effluents, un poste-clé pour ce qui est des pertes azotées », explique Elise Lorinquer, chef de projet Emissions gazeuses et déjections animales à l’Institut de l’élevage. La problématique est similaire pour le porc et pour la volaille, responsables chacun de 15 % des émissions d’ammoniac (épandage inclus).
ALIMENTATION, BÂTIMENT, STOCKAGE, ÉPANDAGE
Les leviers d’action se déclinent à quatre niveaux de cette chaine de gestion des effluents. Une alimentation pensée pour limiter les rejets d’azote est la première étape : pour les bovins, on peut travailler sur une meilleure efficience des nutriments azotés, sur l’alimentation de précision, des outils de pilotage basés sur des indicateurs simples comme l’urée du lait, et la promotion du pâturage. Pour les porcs, au lieu d’une alimentation biphase (croissance puis finition), il est possible d’affiner encore en passant à une alimentation multiphases. L’amélioration est plus difficile en ce qui concerne les volailles, qui bénéficient déjà d’une alimentation multiphases (trois à quatre phases pour les poulets de chair, six pour la dinde). Il est en revanche possible de raccourcir le temps de présence des effluents dans les bâtiments pour limiter le temps de contact avec l’air et donc la volatilité. Pour la volaille, les systèmes qui permettent le séchage des déjections et le maintien d’une litière sèche sont à promouvoir. Des traitements de l’air par lavage (à l’eau ou à l’acide) sont également possibles dans les bâtiments d’élevage porcin. Pour les porcs et les bovins, on peut augmenter la fréquence de vidage des effluents (racleurs automatiques pour les bovins, par exemple, flushing pour les porcs…). Ces solutions nécessitent, par contre, d’augmenter les capacités de stockage des effluents. Par ailleurs, le stockage doit lui aussi être modifié pour limiter les émissions. Pour les bovins, la couverture naturelle qui se forme peut être suffisante pour limiter les échanges avec l’air. Pour les porcs, la couverture (paille ou en dur) permet de réduire de 80 à 90 % des émissions d’ammoniac au stockage. Enfin, des outils spécifiques pour l’épandage, permettant l’enfouissement ou la précision, réduisent aussi la volatilité de l’ammoniac. Néanmoins, toutes ces techniques représentent un coût et un investissement supplémentaires, que les éleveurs ne sont pas toujours en mesure d’effectuer.