Réflexions autour de la valorisation des co-produits.
Le lien entre agriculture, chimie, cosmétique et matériaux a
été mis en avant lors des rencontres normandes de la bioéconomie le 21 janvier, organisées en visioconférence. Le but de ce rendez-vous était de permettre à différents acteurs d’échanger pour créer des partenariats.
Lors des rencontres normandes de la bioéconomie, organisées par la chambre régionale d’agriculture et ses partenaires*, en visioconférence, le 21 janvier, la question de la valorisation des co-produits était au programme. Les agriculteurs sont aujourd’hui tournés vers de nouveaux débouchés, parfois en dehors de l’alimentaire, et la filière chanvre ou lin en est le meilleur exemple.
« DANS LE LIN RIEN NE SE JETTE »
De nombreux projets ont été présentés ce 21 janvier. L’un d’eux est bien avancé. Astrid Gabreau, issue d’une famille d’agriculteurs de l’Eure, l’Earl Gautier aux Andelys, a créé l’entreprise Maison Grène, qui utilise l’huile de lin dans la filière cosmétique. Elle est venue apporter son témoignage pour illustrer le thème de ces rencontres : « de la plante aux filières». Ces retours d’expérience montrent qu’il est possible d’incorporer de la biomasse dans des process industriels. La Maison Grène développe actuellement une gamme de soins cosmétiques naturels (pain, baume, sérum…) issue de graines de lin produites sur l’exploitation familiale. Forte d’une expérience de dix ans dans l’industrie cosmétique, Astrid Gabreau s’intéresse aux produits pour les peaux sensibles, par exemple celles des femmes enceintes ou des nourrissons, avec un niveau de tolérance cutanée maximum. « Dans le lin rien ne se jette, il y a la fibre pour le textile qui est un gros débouché, l’anas pour les matériaux composites ,mais il y a aussi les tourteaux pour l’élevage et l’huile qui sont peu exploitées. Le lin est riche en oméga-3 et oméga-6 et bien utilisé, il a des vertus pour la peau, et ce n’est pas la peine d’en mettre beaucoup ».
De retour depuis un an sur l’exploitation, la jeune femme s’est rapprochée d’une entreprise spécialisée dans la formulation pour mettre au point les produits. « J’ai redécouvert la culture du lin au-delà du textile. Le lin produit sur la ferme est envoyé à la coopérative du Neubourg, mais les graines produites sont rachetées par une agricultrice voisine, qui possède une presse artisanale. Elle en extrait des tourteaux pour ses animaux mais les huiles n’étaient pas utilisées. » Ces huiles sont obtenues par des procédés mécaniques, clarifiées exclusivement par des moyens physiques et ne peuvent avoir subi ni traitement chimique ni aucune opération de raffinage. Elles conservent les caractéristiques des acides gras essentiels : hydratation, réparation, anti-vieillissement….
Astrid Gabreau a validé la formulation et est entrée en phase de tests depuis septembre. « J’espère une mise sur le marché pour fin juin ». Elle travaille en parallèle sur le développement d’un site marchand en ligne et d’un blog pour informer les consommateurs des vertus du lin. « C’est important aujourd’hui pour les agriculteurs de se diversifier, d’acquérir de l’indépendance et de valoriser davantage sa matière. J’ai d’autres projets pour les autres productions de la ferme : blé, betteraves en cosmétique ou en compléments alimentaires. Mon objectif est d’en vivre à terme. » La jeune femme a remporté l’an dernier un prix au Concours « Start in Cosmetic » décerné par Cosmetic Valley, pôle de compétitivité de la filière parfumerie-cosmétique, pour permettre d’accélérer le développement de son projet.
*Noveatech, IAR, France Chimie Normandie,Valorial, Area Normandie, Cosmetic Valley, Institut Carnot