Retour du loup en Normandie : prédation - réaction.
Pas de déni face au retour du loup en Normandie, mais pas de sur-réaction non plus. De la méthodologie, a insisté Claude Fond, secrétaire général de la FNO (Fédération Nationale Ovine), auprès de ses homologues normands, région où le dernier « leu » a été abattu officiellement en 1888 dans la forêt d’Ecouves (Orne).
Eure et Seine-Maritime, même loup donc même combat. S’agit-il pour autant de celui observé dans le Calvados ? Plausible, mais rien n’est encore prouvé. En tout état de cause, il s’agit d’un individu en quête d’émancipation selon Nicolas Gavard-Gongallud. A la demande de Christophe Guicheux (responsable de la section ovine de la FNSEA 27), le directeur de la Fédération des Chasseurs de l’Eure est venu donner, jeudi dernier à Evreux, un cours d’étiologie sur le coming-back du leu dans notre région à tous ceux que le sujet intéresse ou inquiète.
En quÊte d’un territoire et d’une promise
En quête d’émancipation ? En d’autres termes, un jeune loup en capacité de se reproduire, mais chassé par son unité de base (un mâle et une femelle alpha seuls procréateurs de la meute) et en quête d’un territoire et éventuellement d’une promise pour se fixer durablement. Pour Madame, ce n’est pas gagné, mais pour le territoire, on peut s’interroger.
« Se fixera-t-il dans l’Eure ? Je ne vois pas comment il pourrait trouver une femelle et fonder une famille », estime Nicolas Gavard-Gongallud.
Du côté de la FNO, on se montre beaucoup plus prudent. « Il y a 20 ans, on nous disait que le loup ne traverserait jamais ni l’autoroute ni le Rhône. La suite, on la connait et on la subit », rétorque Claude Fond.
Mais finalement peu importe pour le moment. Même seul, il lui faudra bien subvenir à ses besoins quotidiens côté gamelle. Et même si le loup en émancipation dispose d’une durée de vie moindre qu’en meute (10 à 14 ans), quid de nos moutons sachant que le loup est un opportuniste à la faculté d’adaptation démontrée. «Sommes-nous capables de vivre avec cet animal qui n’a aucun prédateur ? Est-il compatible avec l’écopâturage ?», s’interroge Christophe Guicheux.
Début de réponse de Philippe Dubuisson (section ovine NatUp) : « non ». Du côté des céréaliers qui disposent à côté d’une troupe ovine, à la première attaque, le choix sera vite fait.
Se tenir prêt
« Il faut être prêt à la première attaque, nuance Claude Fond précisant que notre objectif n’est pas l’extermination du loup, mais la protection de nos troupeaux qui font partie de son bol alimentaire». Et de proposer une méthodologie réactive. Un : déclarer immédiatement (les preuves disparaissent très vite) toute attaque auprès des autorités compétentes. Deux : mettre en place des mesures de protection : fox light (effarouchement lumineux préconisé par la DDTM, mais décrié par la FNO), clôtures de protection voire chien de protection (patou). Le coût entre dans le cadre de crédits d’urgence (100 % de prise en charge) et seul chemin pour pouvoir prétendre à des tirs de défense très encadrés. Au-delà, il faudra intégrer le plan loup au PDR (Plan de Développement Rural). La profession attend du soutien politique.
Numéros d’urgence en cas de prédation DDTM : 02 32 29 60 66 (en semaine) ou 06 63 30 53 20 (week-end) OFB : 02 32 52 05 08