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Revaloriser la viande bovine en travaillant le marché régional.

La stagnation du revenu des producteurs de viande bovine et l’absence de perspectives nourrissent le désarroi des éleveurs. Pour évoquer la conjoncture du marché de la viande bovine, la FRSEA et les Jeunes Agriculteurs ont ouvert le dialogue avec les abatteurs, mercredi 30 juin 2021 à Colombelles.

Jean-Michel Hamel, président de la FDSEA de la
Manche ; Benjamin Chamoy, président de la section viande
bovine 27 ; Daniel Courval, président de la section bovine
de la FRSEA.
Jean-Michel Hamel, président de la FDSEA de la
Manche ; Benjamin Chamoy, président de la section viande
bovine 27 ; Daniel Courval, président de la section bovine
de la FRSEA.
© DR.

Les abattoirs Socopa de Gacé et Coutances et Elivia de Villers-Bocage ont répondu à l’invitation de la FRSEA et des Jeunes agriculteurs, mercredi 30 juin 2021. Ceux de Saint-Pierre-sur-Dives et du Neubourg s’étaient excusé.

Les présidents de FDSEA et des sections bovines présents ont alerté les responsables d’abattoirs : « On constate que la demande est là, les animaux proposés en ferme sont enlevés rapidement, mais les prix demeurent trop faibles, insuffisants pour couvrir nos coûts de production », a ainsi témoigné Anne-Marie Denis, présidente de la FRSEA. « Jusqu’à présent, les éleveurs ont compensé par une hausse de la productivité, mais on arrive à un plafond. Quand on compare nos niveaux de vie et nos conditions de travail avec nos amis ou nos conjoints, les jeunes n’ont pas envie de continuer la production. Quelles perspectives peut-on leur donner ? » a renchéri Patrice Faucon, président de la FNSEA 76. Jean-Michel Hamel, président de la FDSEA de la Manche, a complété : « Le nombre de producteurs de lait n’a jamais été aussi faible. Maintenant, ce sont les effectifs d’animaux qui baissent. Cela doit vous alerter sur l’approvisionnement de vos outils ». « L’export de broutards est-il la seule solution ? » a résumé Daniel Courval, président de la section bovine de la FRSEA.


Valoriser toute la carcasse

Le décor ainsi planté, les directeurs d’abattoirs ont évoqué leurs difficultés. Spécialisés chacun sur des abattages de types d’animaux différents, leurs analyses se sont complétées. « Sans imaginer changer le prix de la viande en France, nous pourrions envisager des contrats sur certains types de produit avec les producteurs et la distribution », a suggéré Nicolas Dumesnil, directeur de Socopa Gacé. Tout en soulignant que « nous avons besoin que le client s’engage dans un tel contrat ». L’équilibre de la carcasse est apparu comme la préoccupation majeure des abatteurs : « nous peinons à valoriser les jeunes bovins de race bouchère, alors que la viande hachée issue des réformes laitières s’écoule bien. Résultat : nous devons hacher certaines pièces de jeunes bovins de race allaitante », ont-ils indiqué. Quant à l’export, s’il se maintient, la concurrence est rude avec un nouvel intervenant apparu sur le marché : l’Espagne. De là, la réticence à l’exportation des broutards qui s’est développée sur cette destination ces dernières années. « Ces animaux nous arrivent sur le marché européen sous forme de jeunes bovins en concurrence avec les nôtres », ont expliqué les abatteurs.

Travailler en local

Nicolas Dumesnil s’est toutefois voulu rassurant quant aux perspectives de prix : « les évolutions de la production et de la consommation devraient se traduire par une hausse des prix ». D’autant que les élus expriment une demande de viande d’origine normande. D’où la possibilité d’une relance du plan interprofessionnel initié pour développer une filière de jeunes bovins issus du troupeau normand. Cette piste est apparue comme un thème de travail qui pourrait alimenter les travaux de l’interprofession régionale. De même, l’identification, qui précise les besoins des abattoirs régionaux en fonction de leurs débouchés, devrait faire partie des discussions interprofessionnelles. Enfin, les responsables ont conclu la discussion sur la perspective de rencontres prochaines avec les gestionnaires de cantines publiques pour y développer l’approvisionnement en viande normande. « L’idée est de mieux valoriser une partie de la production qui pourrait tirer toute la filière vers le haut ».

Un challenge à concrétiser au plus vite pour répondre à l’attente des éleveurs, et à faire vivre dans la durée.

 

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