Sevépi : y aura-t-il de l'engrais azoté à Noël ?
Y aura-t-il de l'engrais azoté à Noël ? Une des questions posées à Jérôme Charpentier et Aurélien Caurier, respectivement président et directeur de la coopérative Sevépi qui tient son assemblée générale le 14 décembre prochain.
Sevépi, c'est 500 000 t de collecte de céréales, 35 à 40 Me de CA (chiffre d'affaires) appro sur un global de 150 Me, 1 800 adhérents dont 1 200 actifs qui se répartissent dans l'est de l'Eure, les Yvelines, l'ouest du Val-d'Oise et en bordure de l'Eure-et-Loir et de la Seine-Maritime, 114 collaborateurs et 25 sites. A quelques jours de son assemblée générale, un point d'actualité avec Jérôme Charpentier et Aurélien Caurier, président et directeur d'une coopérative existant sous ce patronyme depuis 2002.
On parle beaucoup de pénurie d'engrais azoté. Vos coopérateurs sont-ils couverts ?
On peut estimer qu'ils le sont pour 1/3, un autre tiers partiellement et pas du tout pour le dernier tiers. Sévépi, c'est 80 000 t d'engrais minéraux et organiques, dont 30 000 t de solution azotée. Nous n'avons pas la capacité de tout stocker, alors il nous en reste à rentrer, mais nous n'en connaissons pas les conditions.
Quel conseil donneriez-vous aux partiellement et non couverts ?
De se rapprocher de son agent technico de la coopérative pour travailler la fourniture d'engrais. Il ne faut plus hésiter. Les commandes d'aujourd'hui, c'est livraison janvier, mais il reste encore du disponible. Après, on ne sait pas ! Si nécessités, nous privilégierons nos adhérents fidèles.
Vous ne préconisez en aucune façon de lever le pied ?
Chaque agriculteur doit garder sa stratégie historique même si l'augmentation à 2 e l'unité se traduit par un surcoût de plus de 200 e/ha, soit le double de l'an dernier. Le risque est qualitatif. Ne pas aller jusqu'à la dose bilan pour aller chercher le 11 de protéine, c'est se couper de certains marchés export comme l'Algérie. C'est faire le jeu des blés de la mer Noire, c'est se tirer une balle dans le pied.
Que retenir de la moisson 2021 ?
Compliquée ! On s'attendait à une récolte pléthorique avec des problèmes de protéines, mais globalement, on peut qualifier ce cru de correct et très hétérogène. On va aboutir à 480 000 t contre un objectif de 500 000 t. L'humidité a été favorable aux petites terres, au tournesol et au maïs, mais nous avons effectué un gros travail de séchage : 10 % en blé, 5 % en colza, c'est inhabituel. Nous tenons à ce titre à souligner la mobilisation sans faille des agriculteurs et de nos collaborateurs qui n'ont pas arrêté depuis le 10 juillet. Nous avions des craintes de retard dans l'exécution de nos engagements. Le contexte d'après-covid a généré des difficultés logistiques, alors qu'il y avait un gros travail de tri et d'allotement à réaliser. Malgré toute cette problématique, on finit sur une année cohérente par rapport à ce que nous avons l'habitude de réaliser.
Certains OS n'arrivent pas à sécher tous les maïs, c'est votre cas ?
On a toujours investi dans les outils, particulièrement de séchage et bien nous en a pris. On sèche depuis août, y compris pour des confrères, mais à un coût plus élevé que l'an dernier. 100 % des maïs l'a été, mais, à contrario, on n'y arrive pas avec le sorgho. Les taux d'humidité sont trop importants. On ne fera pas la promotion de cette culture sur notre territoire.
Vous n'êtes pas pour la diversité de l'assolement ?
On a essayé le soja, le sarrasin, le pois chiche (...), ça ne marche pas en conventionnel. Nous privilégions plus des cultures que nous maîtrisons déjà en misant sur une diversité de débouchés comme le tournesol strié pour l'oisellerie ou bien encore le colza érucique.
Et le bio ?
Nous sommes des précurseurs, car c'est une demande de nos adhérents. Le bio représente 10 000 t sur 500 000 t et poursuit sa progression plus ou moins rapide en fonction du prix du conventionnel.