Sols trop humides et fertilisation du colza : que faire ?
Après trois mois très arrosés (octobre, novembre, décembre) puis une certaine accalmie en janvier, les pluies abondantes en février et début mars contraignent de nombreux agriculteurs à reporter leurs apports d‘engrais. En parallèle, la douceur hivernale a nettement hâté le développement et le rythme de croissance. Quelle conduite adopter pour la suite ?
S’appuyer sur une hypothèse de rendement réaliste, ne pas surestimer les doses d’azote nécessaires. La dose d’azote à apporter est directement liée à l’hypothèse de rendement retenue. Examiner les colzas (pivots et parties aériennes) pour identifier d’éventuels facteurs limitants forts : asphyxies racinaires en lien avec l’hydromorphie et attaques de ravageurs : larves d’altises ou charançons à l’aisselle des feuilles ou dans les coeurs de plantes, mouches du chou ou hernie au niveau du système racinaire… Ne cherchez pas à sécuriser inutilement les apports d’engrais. L’azote ne guérit pas les plantes. Le colza peut absorber tout au long de la floraison, voire après.
Nous avons pour habitude de recommander un fractionnement de la dose d’azote entre les stades C2 et E pour subvenir suffisamment tôt aux besoins du colza. Il faut savoir qu’un colza sain sans stress hydrique absorbe quantité d’azote au moins jusque fin floraison tant qu’il en a à disposition et tant qu’il en a besoin. La courbe d’absorption est en pleine phase exponentielle entre D2 et G1(chutes des premiers pétales).
PARCELLES NON FERTILISÉES À CE JOUR : QUE FAIRE ?
Dans l’hypothèse où les parcelles humides ne redeviennent pas praticables avant la mi-mars, il faudra sans doute apporter des doses conséquentes dans un intervalle de temps court (en espérant – c’est là le comble que des pluies ultérieures aux apports permettent une bonne valorisation). Sur le plan technique, les apports d’engrais à floraison ne font pas perdre de potentiel de rendement. Il n’y a donc pas péril en la demeure si le solde des apports d’engrais azotés n’est pas réalisé avant floraison. Eviter les engrais liquides une fois le stade E passé
Au stade E, les boutons séparés sur l’inflorescence principale et les boutons dégagés des inflorescences secondaires sont particulièrement exposés à des risques de brûlure (en conditions sèches notamment). La forme solide devient celle à privilégier dès ce stade atteint.
PAS ENCORE D’APPORT DE SOUFRE RÉALISÉ À CE STADE ?
Dans ce cas, un apport de 75 U est à réaliser dès que possible. Les formes sulfates sont à privilégier (sulfate d’ammoniaque, ammonitrate soufré, solution azotée soufrée, kiésérite, etc.)
NB : en cas de carence avérée plus tard en saison (fleurs avec des pétales blancs, jaunes clairs), il est possible de corriger la carence par une pulvérisation de 100 kg de sulfate d’ammoniaque pour un volume de pulvérisation 500 l/ha. Une telle pratique est peu commode ,mais permet de sauver la culture. Une carence en soufre peut engendrer une perte de rendement de 20 q/ha.