Sur les traces de Pagnol.
Si les habitants de la vallée de l'Eure connaissent le coup de coeur du dramaturge marseillais pour la région, les autres Normands seront surpris de ce détail de la vie de Pagnol.
Croix-Saint-Leufroy.
Quand on voyage du côté de Marseille, on entend forcément parler de Marcel Pagnol, tant son influence est encore présente dans la région si ensoleillée de Provence. Quand on se balade en Normandie, il est moins évident de tomber sur un lieu qui évoque le célèbre auteur de « Manon des Sources ». Et pourtant, à La-Croix-Saint-Leufroy, entre Gaillon et Evreux, sur la nouvelle commune de Clef-Vallée-d'Eure, une propriété a appartenu à Marcel Pagnol. Il s'agit d'un moulin que sa femme Jacqueline, actrice, décédée en 2016, utilisait encore récemment comme résidence secondaire.
Comment l'académicien s'est-il retrouvé parmi nos vertes prairies ?
Installé à Paris,la proximité de la Normandie l'aura sans doute séduit pour investir dans une maison de campagne, bien loin de l'ambiance et du climat qu'il décrit dans ses pièces à succès. Pagnol avait une passion pour les moulins.
Il en a habité plusieurs. Celui des sablons (XIIIe siècle) de La-Croix-Saint-Leufroy est encore visible à la sortie du village, et une plaque rappelant son passage a été apposé sur le mur en 1995. Si on suit la randonnée « la promenade de Marcel Pagnol » ou « Pagnol en vallée d'Eure » proposée par les offices de tourisme et les livres de randonnée, on peut l'apercevoir. La famille Pagnol l'a acquise dans les années 50. La femme du dramaturge tournait alors avec Bourvil un film dans l'Eure, au Neubourg et à Conches-en-Ouche, « le rosier de madame Husson », tiré d'une nouvelle de Guy de Maupassant et dont l'adaptation pour le cinéma avait été confiée à Marcel Pagnol. C'est grâce à ce tournage qu'ils ont connu le département. Attiré par l'eau, Pagnol aimait chercher des sources, fabriquer des barrages, des petits ponts, et il faisait naviguer de petits bateaux dans l'Eure pour son fils Frédéric.
Il a mis d'ailleurs ce dernier en pension à Verneuil-sur-Avre, dans un établissement privé appelé « l'école des Roches ». Dans cette maison euroise, il a écrit une partie de « Jean de Florette » et « Manon des Sources ». Son bureau avait une vue imprenable surle bras secondaire de l'Eure qui borde la propriété. Un cours d'eau qui d'après les historiens locaux, avait été creusé par les moines d'une ancienne abbaye bénédictine, fondée par Saint Leufroy d'Evreux en 694 et démantelée en 1751. L'eau a été largement utilisée dans cette région de l'Eure et c'est d'ailleurs à proximité de l'ancienne demeure de l'écrivain que sont encore installées des cressonnières, sur la commune de Cailly-sur-Eure.