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Vers, une agriculture qui régénère la terre.

L'ancien site horticole Les Serres de Marcel est devenu une ferme maraîchère et un centre de recherche et développement.

François et Angélique Mulet ont repris l'ancien site horticole Gaec Perrochon.
François et Angélique Mulet ont repris l'ancien site horticole Gaec Perrochon.
© FD

Depuis le 1er novembre 2021, il y a de nouveau de l'activité sous l'hectare de serres et autant de champs de l'ancien site horticole Gaec Perrochon. Effectivement, avec la reprise des trois salariés, Angélique et François Mulet ont ouvert Les Serres de Marcel où ils produisent une cinquantaine de variétés de légumes pour la vente directe (les jeudi et vendredi de 14 h à 19 h 30 / le samedi de 9 h 30 à 13 h), des grandes surfaces et des grossistes : « nous avons réussi une première année de production assez chouette avec cependant une commercialisation plus difficile sur un marché qui se contracte », indique le maraîcher.

Un lancement qui n'en est pas vraiment un pour le couple qui travaille déjà depuis de nombreuses années sur la productivité et la conservation des sols. Et pas seuls ! Leurs principaux collaborateurs sont les tonnes de vers de terre qui régénèrent selon eux la terre.

 

LE CARBURANT DANS LE MOTEUR

Pour comprendre, il faut revenir sur la petite histoire. François Mulet est issu d'une famille d'agriculteurs de Breteuil : « elle est présente sur le secteur depuis 250 ans. Mon grand-père avait une ferme de 35 hectares. Avec mon frère, on a grandi là-bas. Malheureusement, quand il a pris sa retraite, la transmission n'a pas pu se faire. L'histoire agricole de la famille semblait terminée. Alors, mon frère est devenu ingénieur en instrumentation physique et moi en informatique. Toujours très proches de la nature, alors que notre carrière ne nous emballait pas beaucoup, un beau jour nous sommes revenus avec l'intuition que le vivant allait nous intéresser beaucoup plus ». À partir de ce moment, la fratrie va passer beaucoup de temps dans le corps de ferme et se passionner pour la botanique, la biologie et l'agronomie ainsi que sur « la problématique plus spécifique agricole autour de la structure des sols, son érosion, la pollution, la baisse des taux de matières organiques et la productivité. On s'est aperçu que le sol, on l'utilisait comme une machine dont on ne savait pas grand-chose. On a donc cherché des solutions. Là, on est allé à la rencontre de céréaliers qui développent une agriculture de conservation avec des semis sous couvert. Ils prêtaient une grande attention à la biologie », détaille François Mulet. En 2006, les frères font donc leurs premiers essais dans la prairie familiale et ont constaté « qu'avec cette technique, même pour le maraîchage, cela poussait sans chimie, sans travail traumatisant du sol. Alors, pourquoi ? ». La réponse est venue de leurs rencontres avec les agro écologues Lucien Seguy et Marcel Boucher « qui nous ont fait comprendre que dans tous les sols, le flux des matières organiques était piloté par les vers de terre et que la microbiologie était greffée sur le brassage de la terre. Que la décomposition des matières organiques représentait 70 % de la fertilité des plantes. Qu'une tonne de vers de terre dans un hectare produit autant d'azote que les engrais chimiques. Cela évite donc les maladies et les labours qui coûtent cher. Ils sont le carburant dans le moteur », affirme l'agriculteur.

 

MOINS DE MALADIES, PLUS DE VIE ET UNE CONSERVATION ALLONGEE

Et les recherches se sont poursuivies au fil des années « pour apprendre à compter les vers de terre à partir d'échantillons de terre, savoir les nourrir pour atteindre une tonne à une tonne et demie l'hectare alors qu'aujourd'hui dans la majorité des terres agricoles, il en reste entre 10 à 100 kg l'hectare à cause des coups de charrue qui tuent 70 % de la population et des traitements ». François Mulet déclare donc avoir trouvé des solutions comme apporter 30 tonnes de matières sèches par hectare et par an à ses terres pour nourrir ses vers « qui produisent eux à la fin 600 unités d'azote sur cette même surface dans l'année. Du coup, les chiffres pour cultiver les légumes, on les connaît. Il faut par exemple pour les tomates à 70 kg/m2, 2 000 unités d'azote par an. On pondère donc sur le temps de la culture et on dimensionne la population ». Fort de ces retours, les frères créent en 2012 le réseau national Maraîchage Sol Vivant et en 2015, la déclinaison Normandie/Île-de-France pour apporter des conseils aux agriculteurs avec pour support une chaîne YouTube très consultée. À tel point qu'à partir de 2017, la société Ver de terre production propose « des formations professionnelles, des productions audiovisuelles, de l'accompagnement pour les producteurs qui veulent changer de pratiques et de la R&D. Nous avons douze salariés et intervenons dans l'hexagone, mais aussi dans les DOM-TOM. Nous sommes devenus le 7e organisme de formation agricole en France et on intéresse toutes les filières », poursuit François Mulet.

 

CENTRE DE RECHERCHES

Avec l'expansion de leurs activités, « car nos agriculteurs-partenaires ont du mal à prendre des notes, des photos, faire des relevés, avoir en deux mots une démarche scientifique et cela se comprend, il nous fallait notre propre structure. On a essayé plusieurs solutions et finalement, nous avons racheté la société horticole. On a investi et bien entendu reconstruit les sols. Après six mois de travaux, il y aura de nouveaux locaux avec des murs en terre et une boutique de vente. Dans la foulée, on lancera une première formation sur le site, sur les couverts permanents et la conduite des serres sous climat tropical. Nous poursuivons notre aventure vers une terre meilleure », annonce François Mulet.

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