Wilfrid Jouveaux, président de la Sicamon et Nicolas Séchet, vice-président et responsable des ventes : « Si vous ne voulez pas contractualiser, choisissez les marchés aux cadrans »
La Sicamon était réunie en assemblée générale, vendredi 24 juin, à Saint-Pierre-en-Auge (14). La Société d'intérêt collectif agricole des marchés organisés de Normandie voit ses comptes revenir dans le vert en 2021. Chloé Serre, directrice d'Interbev Normandie, a présenté Egalim2, dont les marchés au cadran en sont exemptés.
Comment a été accueilli le thème de votre Assemblée Générale ?
Nicolas Séchet : Nous avons demandé l'intervention de Chloé Serre sur la contractualisation obligatoire, sur laquelle plane une menace d'amende si les éleveurs ne sont pas en règle. Les producteurs ne sont pas assez informés sur ces contrats, les tunnels de prix, la durée de trois ans, etc. Le sujet les a intéressés mais il suscite des inquiétudes, les contrats risquent de rajouter de la paperasse inutile. On constate que les acheteurs ne sont pas forcément pour la contractualisation obligatoire non plus. La loi Egalim2 donne l'impression d'un projet qui n'est pas complètement fini, car les marchands sont coincés entre les éleveurs et les abattoirs, et rien n'est prévu pour eux.
Les marchés aux cadrans sont exemptés de faire appliquer la loi Egalim2. Risque ou opportunité pour la Sicamon ?
N.S. : C'est une opportunité pour nous. Nous appelons les éleveurs qui ne veulent pas contractualiser à venir dans nos marchés, car on y reste libre. Les prix des marchés aux cadrans n'intègrent pas de volume, de période ni de couts de production. C'est la mise en concurrence des acheteurs qui fait son travail. Et elle accentue les tendances : les prix moyens de bêtes de viande ont pris 6% par rapport à l'année dernière, chez nous c'est +14 %. On espère donc tirer notre épingle du jeu.
Quelles sont les actualités de la Sicamon ?
Wilfrid Jouveaux : Nous fêtons les 40 ans de la Sicamon. Le marché de Saint-Pierre-sur-Dives est né en 1982, sur l'idée d'un groupe d'éleveurs qui a voulu créer sa propre structure et qui en avait marre des marchands de bestiaux. Le marché était financé par les communes et les agriculteurs. Le site de Lieurey a ouvert en 1984 et celui de Soligny-la-Trappe en 1986. Pour l'occasion, nous avons invité les marchands et les politiques. Nous organisons aussi une tombola pour les sociétaires.
Et d'un point de vue financier, comment va la Sicamon ?
W.J. : Lors de l'assemblée générale de 2020, nous nous étions fixé l'objectif de remettre les comptes à l'équilibre. Cette année, c'est le cas. Avec Nicolas Séchet, vice-président et chef des ventes, nous avons dynamisé les acheteurs et les vendeurs. Cette année, tout le monde court après la viande, les acheteurs viennent dans nos marchés, car ils manquent de bovins, notamment de maigres. En 2021, nous avons compté 940 bovins de plus qu'en 2020 et 728 moutons sur les trois sites. Les cours ont aussi progressé toute l'année et, comme la Sicamon fonctionne au pourcentage des ventes, c'est aussi positif pour nous.
Comment avez-vous amené de nouvelles bêtes ?
W.J. : Nous avons fait pas mal de publicité, imprimé et envoyé 400 flyers par voie postale. Nous en avons aussi laissé dans les coopératives, les cliniques vétérinaires et les dépôts agricoles. On a aussi communiqué sur Facebook, toutes les informations sont dessus. On a rencontré des gens qui ne connaissaient même pas l'existence de la Sicamon et d'autres surpris que l'on existe encore. Généralement, nous captons les bêtes d'herbage mais cette année, nous avons plus de viande que d'habitude. Nous sommes bien placés en broutards. Certains acheteurs viennent de plus loin aussi.
Quels sont les projets pour les années à venir ?
W.J. : Nous sommes en période de consultation. On nous demande de louer nos parcs pour installer un abattoir mobile. Des agriculteurs vendent en direct dans leur ferme. Ils cherchent alors à faire abattre en local. Nous attendons des nouvelles de ces projets pour leur louer nos infrastructures. Nous avons besoin de l'effort de tout le monde pour dynamiser les marchés. Nos portes sont ouvertes à tous les acheteurs de la filière.