Comment rénover une prairie pour qu’elle soit de qualité ?
Rénover sa prairie afin de la rendre plus qualitative nécessite un vrai travail de fond sur une exploitation. Voici quelques pistes de réflexion à travers l’exemple de La Blanche Maison, ferme expérimentale en Normandie. Décryptage.
Le système de polyculture élevage en agroécologie mis en place à la ferme expérimentale de Normandie, La Blanche Maison, dispose d’un troupeau de 88 vaches laitières. Le travail se porte sur 4 axes principaux que sont les périodes de reproductions (4 par an), le renouvellement du troupeau, avec des objectifs de vêlage des génisses autour de 27 mois, mais aussi l’alimentation avec un objectif d’équilibrer la ration par les fourrages. La ration hivernale est composée de 50 % de maïs ensilage et 50 % de fourrages riches en protéines (ensilage d’herbe principalement). La ration estivale vise à utiliser au maximum les 25 ha de pâturage accessibles. Les vaches ont une complémentation individuelle à base de maïs grain et de tourteau de colza.
Le 4e axe consiste à mettre l’herbe au cœur de la ration : l’objectif est de produire du fourrage de qualité avec une SAU de 96 ha constitués de 91 ha de SFP et 5 ha de cultures de ventes. 39 hectares sons assolés grâce à des rotations de 4 à 5 ans, avec la prairie multi espèces en tête de rotation.
Le reste des surfaces sont des surfaces toujours en herbe avec possibilité de rénover la prairie en passant par une autre culture. Les 25 hectares disponibles pour les vaches laitières sont découpés en 25 paddocks de 0,8 à 1,2 ha, soit entre 2 à 3 ares/VL/jour et un temps de présence maximal de 3 jours par paddock. Pour maintenir des prairies de pâturage productives et de qualité pour les vaches, 1 à 3 paddocks sont re-semés par an, avec une prairie multi espèces à flore variée.
Couper l’accessibilité le moins longtemps possible
L’itinéraire de rénovation des prairies de pâturage à La Blanche Maison répond à la stratégie de couper l’accessibilité des parcelles de pâturage le moins longtemps possible. L’année de la rénovation, deux exploitations de la prairie (pâturage et/ou fauche) sont effectuées, puis le cycle de la prairie est coupé par l’implantation d’une autre culture, de type maïs (ou sorgho).
La variété de maïs est choisie avec un indice court de façon à le récolter assez tôt en saison (vers le 20/09 pour La Blanche Maison) et ainsi semer la prairie lorsque les conditions climatiques le permettent encore (notamment les températures pour la bonne implantation des légumineuses). Il est donc possible d’exploiter la nouvelle prairie dès le printemps suivant.
Implantation de la prairie
Le travail du sol après maïs consiste à recourir au passage de canadien, puis de herse rotative. Le sol est ensuite ré appuyé avant semis grâce à un passage de rouleau. Le semis est réalisé grâce à un semoir en lignes, mais en relevant les bottes pour obtenir un semis à la volée homogène. La différence entre les 2 types de semis sera notamment présentée lors de prochaines portes ouvertes normandes avec quelques astuces concernant le réglage du semoir. Après semis, la prairie est à nouveau roulée.
Le mélange prairial est composé de ray-grass anglais, de fétuque élevée et d’un mélange de trèfles (trèfles blancs, hybride et violet). Pour évaluer la valeur alimentaire de ses fourrages, La Blanche Maison procède régulièrement à des prélèvements d’échantillons d’herbe pour les faire analyser en laboratoire.