La ferme céréalière normande en 2030 : du qualitatif pour assurer sa résilience.
A quoi ressemblera la ferme céréalière normande à l'horizon 2030 ? C'est la question que s'est posée la FRSEA à l'occasion de la journée AGPB qui s'est déroulée le 18 février dernier à Guichainville (27). Beaucoup d'interrogations et une certitude : le marché export pèsera tout autant dans la balance commerciale dans un contexte d'exigence qualitative plus marquée.
agriculteur) et Gaëtan Synaeve (responsable filière chez Sevépi)
Avant la table ronde, Eric Thirouin a balayé l'actualité céréalière et notamment la réforme de la PAC 2023-2027. « On est un peu à un tournant, alors il convient de se remettre en cause, plaide le président de l'AGPB. Il faut limiter les impacts du reverdissement en ciblant les points de vigilance ». Un de ces points, c'est l'accès aux éco régimes avec ses conséquences économiques sur le revenu futur des céréaliers : de + 7 % de compensation PAC à - 30 % selon le niveau d'engagement dans le nouveau dispositif. « Une des voies privilégiées par beaucoup, c'est la mise en place de cultures non productives. Il faut peut-être jeter l'éponge sur un peu de surface ? » Dans ce verdissement parfois à marche forcée, « la priorité de la Commission européenne à 25 % de la SAU en bio, c'est de l'inconscience géopolitique planétaire », il y a aussi de bonnes surprises comme la certification environnementale. « On a une excellence française. Avec le label bas carbone, pour une fois sur un sujet environnement, on va gagner de l'argent même si ce n'est pas Byzance ».
Une benne sur deux à l'export
Mais il n'y a pas que la PAC qui va peser sur le revenu céréalier normand demain et au-delà. Une benne sur deux aujourd'hui part à l'export et ce sera toujours le cas en 2030. Mais dans la benne, un blé plus qualitatif (plus de poids spécifique par exemple) avec moins d'impureté.
C'est ce challenge que doit relever la plaine régionale tout en restant économiquement compétitive. La recherche et la logistique doivent accompagner ces évolutions. Du côté des agriculteurs et des organismes stockeurs, on est prêt à se retrousser les manches, mais on a besoin de visibilité avant d'investir. Un énième arbitrage réglementaire sur le stockage de l'ammonitrate sans fondement scientifique, ni mesure d'impact sur la Ferme France et la souveraineté alimentaire du pays vient de tomber. Il nécessiterait des investissements supplémentaires conséquents évalués entre 80 et 120 000 e par exploitation agricole. Un nouveau grain de sable dans la goulotte de la moissonneuse-batteuse.