Le colza ne manque pas d'atouts.
Introduire du colza sur son exploitation ne demande pas de matériel spécifique et les débouchés sont là. C'est une culture qui valorise bien les effluents d'élevage : réaliser
un apport organique avant semis, c'est se donner une nouvelle période d'épandage lorsque les sols portent bien.
Historiquement, les conditions de préparation du sol avant semis de colza sont plutôt favorables, compte-tenu de la dominante « limons » et de la forte proportion de parcelles semées sur labour par les combinés semis/rotatives. Dans les sols superficiels type argilo-calcaires, la problématique de levée des colzas est beaucoup plus marquée, ce qui milite à faire évoluer les pratiques de préparation de sol. Terres Inovia conseille de limiter le travail du sol en interculture au strict nécessaire et au plus près de la récolte du précédent pour limiter l'asséchement, de gérer la paille en juillet plutôt qu'en août pour les colzas semés en non-labour, et de privilégier un précédent orge hiver ou paille enlevées, pour favoriser un meilleur démarrage du colza.
Depuis quelques années, les dates de semis sont avancées, y compris dans les exploitations les plus proches du littoral. L'esquive des morsures d'altises est sans doute le principal motif. Le colza gagne à lever avant fin août / début septembre. En général, il devrait être semé autour du 20-25 août, et dans des contextes plus continentaux (Sud Eure et Orne), où il fait sec plus fréquemment et tout particulièrement dans les sols à contrainte argileuse, les agriculteur ont intérêt à anticiper et à se tenir prêt à semer dès le 5-10 août. Il faut savoir être opportuniste et enclencher les semis au gré des prévisions météo en misant sur une pluie de 7-10 mm. Pour les planteurs, les semoirs monograines utilisés pour les semis de betterave sont adaptés et même recommandés pour les semis de colza. Très peu répandue dans la région, cette pratique pourrait pourtant améliorer la qualité de levée (régularité de peuplement et vigueur départ grâce à un meilleur positionnement de la graine) et contribuer à une bonne installation automnale de la culture. L'écartement large (40-50 cm) ne pénalise aucunement la mise en place du potentiel de la culture. En général, une densité de 35-40 plantes/m² est suffisant en colza semé au semoir céréales. En semis au monograine, une densité de 25-30 plantes /m² suffit. Le taux de perte à la levée est beaucoup plus faible avec un semoir monograine par rapport au semoir céréales.
FERTILISATION MINÉRALE OU ORGANIQUE AU SEMIS
Les parcelles recevant régulièrement des apports organiques sont généralement les plus aptes à mette en place une bonnecroissance automnale et encaisser lesaccidents ou évènements perturbateurspour le colza au printemps. A défaut dedisposer d'une bonne réserve N ou P aumoment du semis, il devient de plus enplus judicieux de fertiliser (20-30 U d'N dans le respect de la Directive nitrate) dans le but d'accompagner la croissance automnale et éviter, notamment dans les sols pauvres en NP, les faims minérales et « panne-sèches » avant ou pendant l'hiver. En effet, les larves d'altises provoquent d'autant plus de dommages que les colzas sont faiblement développés (< 1.2 kg/m² en novembre) et peu alimentés en éléments minéraux. C'est un coup de pouce que le colza apprécie au même titre que la pratique de colza associé aux légumineuses.
MÉLANGE AVEC UNE VARIÉTÉ TRÈS PRÉCOCE
Pour limiter les dégâts de méligèthes et l'utilisation des insecticides, on peut mélanger 5 à 10 % de semences d'une variété à floraison très précoce (ex ES Alicia) avec la variété d'intérêt. La variété très précoce fleurira lorsque la variété d'intérêt sera au stade sensible vis-à-vis du méligèthe. Attention, l'efficacité n'est pas pour autant systématique. Suivant les conditions météo et de croissance printanière pour la culture, le colza peut-être en plus ou moins bonne posture indépendamment de la pratique de ce mélange variétal. Il convient donc de rester prudent et scruter l'évolution du rapport de force colza / ravageur. La surveillance des ravageurs d'automne est devenu un point essentiel à la réussite. Qu'il soit en « bonnes terres » ou non, le colza est soumis à une pression régulière exercée tout particulièrement par les larves d'altises pendant l'hiver. De fin octobre à fin décembre, les insectes colonisent en plus ou moins grand nombre la culture et de façon plus ou moins précoce sur cet intervalle de temps. La pression est très variable selon les parcelles. Des leviers chimiques existent pour gérer les populations avant qu'elles ne fassent de tort à la culture. Les phénomènes de résistance des altises aux pyréthrinoïdes menacent la production, si bien que les mesures préventives, le suivi parcellaire et les bonnes règles de conduites phytosanitaires sont indispensables si l'on veut faire durer les solutions. Il n'y a pas de fatalité, juste les bons raisonnements à adopter.