Le lin, « une fibre désirable ».
L'Association générale des producteurs de lin a repris sa tournée hivernale. Premier arrêt à Caen, vendredi 10 décembre. Bertrand Gomart, président, a salué l'attractivité de la fibre malgré la crise conjoncturelle subie en 2020.
décembre, à la Fédération des chasseurs du Calvados, où était
organisée la réunion des Hivernales.
« Depuis quatre ans, d'après l'étude CER France commandée par l'AGPL, la surface de lin a augmenté de + 1,2 ha en moyenne dans les exploitations, soit une surface de 19,4 ha par ferme », introduit Bertrand Gomart, président de l'AGPL, lors de la réunion des Hivernales vendredi 10 décembre à Caen. L'Association générale des producteurs de lin a compilé les données CER France de 960 liniculteurs, soit « 10 % » des exploitations, pour dresser un état des lieux.
La mécanisation : charge ou atout ?
L'étude de l'AGPL a ainsi établi un coût de revient, lissé sur cinq ans, de « 2 750 Ä/ha,
avec une marge d'erreur de 100 Ä/ha » qui équivaut au « prix pour mettre en place un hectare de lin. Le premier poste est la mécanisation : arrachage, retournage, enroulage ». Selon Bertrand Gomart, « plus on est mécanisé, meilleure est la recette ». Il pose alors la question : « la mécanisation est-elle une charge ou bien un investissement qui apporte du produit ? » Si l'étude montre que le Calvados est le département « où les charges sont les plus basses » quand l'Eure et la Seine-Maritime présentent celles « les plus élevées », Bertrand Gomart ancre ces données dans un contexte positif pour la fibre. Malgré les incertitudes qui ont plané sur la culture en 2020 et la baisse de 30 % de production demandée, par la profession, en pleine crise de Covid-19, « les teillages tournent aujourd'hui à plein régime ». Il alerte cependant sur des prix haussiers « 2,9 Ä/kg de fibres longues en 2021, contre 2,7 Ä/kg en 2020 ». Le prix du lin augmente, mais il suit la tendance des autres matières premières.
Le lin sensible au marché mondial
Dans une approche plus globale, la Confédération européenne du lin et du chanvre (CELC) a dressé une matrice du lin 2021, soit une cartographie mondiale des acteurs de la chaîne du lin, du champ au tissage. Damien Durand, directeur économique de la CELC, a présenté, via une vidéo, les enseignements majeurs. L'étude confirme d'abord « la supériorité quantitative du lin européen, en matière d'hectares, de tonnage, de paille, de production de fibre ». Damien Durand analyse : « le textile international est sensible à l'économie mondiale. L'ensemble des fibres a chuté de 10 %. Le lin a suivi la tendance. Le marché textile mode habillement se polarise entre les segments du luxe et de l'ultra fast fashion, soit l'entrée de gamme ».
Des initiatives en France
En parallèle, la CELC et l'Institut français de la mode ont dressé un baromètre du lin, avec un panel de 1 100 personnes de six pays que sont la France, l'Italie, le Royaume-Uni, les USA et pour la première fois la Chine et l'Inde. « Nous avons le plaisir de voir que le lin correspond aux nouvelles aspirations des consommateurs, que c'est l'une des matières préférées du panel, surtout en Asie ». Damien Durand poursuit et présente les événements marquants en France en 2021 : « le développement des lignes de teillage, la réindustrialisation de deux filatures, l'intérêt pour les initiatives textiles régionalisées en Normandie, dans les Hauts-de-France et en Alsace ». Bertrand Gomart souligne ces « investissements positifs. Le consommateur croit dans le lin. Les intermédiaires l'ont aussi compris. Nous devons continuer sur ce chemin ». Et Damien Durand de conclure : « pour le secteur du lin, la crise de 2020 est conjoncturelle, mais la confiance, elle, est structurelle. Le lin est une fibre désirable »