Le préfet à la rencontre des acteurs du lin
Simon Babre, préfet de l'Eure, a souhaité réunir tous les acteurs concernés par la culture du lin pour échanger sur les enjeux de cette filière.
Le 3 juillet, accompagné d'Isabelle Burel, directrice de projet transition écologique et économique territoriale (TEET) à la Préfecture de l'Eure, il a reçu les représentants de la DDTM, de la Chambre d'agriculture, du Comité interprofessionnel de la Production agricole du Lin (C.I.P.A.LIN), la FNSEA 27, Arvalis, mais aussi des teilleurs, des liniculteurs, ainsi que des représentants d'EPCI, comme la communauté de communes du Pays du Neubourg, pour faire un point sur le marché du lin et l'avenir de cette filière sur notre territoire.
Meilleure pénétration sur le marché du luxe, propriétés techniques, qualité RSE avec sa traçabilité, faible besoin en eau pour la culture et zéro déchet car tout est utilisé...
Le lin européen continue de gagner des parts sur le marché mondial. Pas de doute ; avec les autres fibres textiles naturelles : coton, laine, cachemire...le lin y a sa place ! Et puis, pour répondre à une demande sociétale, la culture du lin bio se développe. La niche dans la niche.
La production de lin dans l'Eure a triplé en 30 ans pour représenter aujourd'hui presque 7 % de la SAU avec une moyenne de 18 ha par exploitation. Cette culture à grande valeur ajoutée, avec toutefois un facteur de risque climatique important, représente en moyenne 10 % des revenus d'une exploitation. Pour faire face au risque climatique, la culture du lin d'hiver tend à se développer, principalement dans le sud du département.
La peur de la délocalisation
C'est ce que les teilleurs ont évoqué : au niveau du teillage, la problématique de la poussière a été rapportée au préfet. En effet, la filière lin, c'est aussi beaucoup d'emplois indirects, dont le teillage. Pour rappel, il y a 22 teillages en Normandie, dont 4 dans notre département.
Les équipements techniques (EPI) et la règlementation du travail sont à ce jour difficilement applicables pour protéger les salariés des teillages. Si le teillage se délocalise à cause des normes françaises pour aller en Chine, ce sera encore une fois une distorsion de la concurrence.
Le préfet, à l'écoute de ces enjeux, a proposé de monter un groupe de travail à ce sujet et d'envisager, pourquoi pas, des adaptations locales.
« J'attends vos projets pour France 2030 »
C'est en ces termes qu'Isabelle Burel, directrice de projet transition écologique et économique territoriale (TEET), s'est adressée aux acteurs du lin. L'Eure est 7e département industriel de France et 2e département français producteur de lin. Y a-t-il une carte à jouer ?
L'enjeu du lin dans le domaine de l'industrie serait de valoriser la culture, sans s'inquiéter de la longueur de la fibre, permettant de diminuer l'impact climatique.
Pour Isabelle Burel, la filière lin doit saisir les opportunités d'appel à projets dans le cadre de France 2030.
France 2030, c'est quoi ?
Lancé par le Président de la République, le 12 octobre 2021, le plan d'investissement France 2030 vise à transformer durablement les secteurs clés de l'économie nationale par l'innovation technologique. 54 milliards d'euros seront investis afin d'assurer la transition de filières stratégiques et de leur permettre de répondre aux défis technologiques et environnementaux de manière compétitive.
France 2030 Régionalisée a été voulue pour conjuguer les forces de France 2030 et celles des Régions (connaissance des réalités territoriales, proximité avec les acteurs économiques locaux). Un appel à projets est ouvert à l'attention des entreprises et acteurs économiques et de la recherche du territoire régional. Les comités de pilotage chargés de sélectionner les lauréats sont présidés par la préfecture de région et le conseil régional. À ce jour, 69 entreprises sont accompagnées par le dispositif France 2030 dans notre région.
Stéphane Vacher, président de la section lin à la FNSEA 27 revient sur ses échanges avec la DDTM
Dans un contexte de cultures compliquées cette année où le lin peut parfois ne pas être arrachable, Stéphane Vacher, président de la section lin à la FNSEA 27 revient sur cette rencontre avec la DDTM.
« Cette année, les récoltes de lin de printemps ne sont pas aussi bonnes qu'espérées. Un lin non arrachable à la suite de sécheresse peut être considéré comme un accident de culture. À ce titre, des modifications sont à apporter dans la déclaration PAC. Dans ce cas, deux solutions :
o si vous implantez une culture de remplacement, il convient de modifier sa déclaration sur TéléPAC en indiquant le code culture de la culture nouvellement implantée. Les aides sont alors recalculées avec ce nouveau code culture, et notamment les points de la « voie des pratiques » des éco régimes.
o si vous n'implantez pas une nouvelle culture, il convient de signaler un accident de culture sur TéléPAC. De cette manière, la parcelle conserve son admissibilité (à l'exception des parcelles de chanvre). Dans le cadre de la « voie des pratiques » des éco régimes, la parcelle reste admissible à condition que la culture ait pu lever. Dans les deux cas, il est plus prudent de prendre une photo géolocalisée. »
Pour rappel, vous pouvez modifier votre dossier PAC jusqu'au 20 septembre 2023 (jusqu'au 15 juillet pour éviter tout retard de paiement).