Les producteurs de pommes de terre se projettent à l'horizon 2030.
L'Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT) a tenu son assemblée générale début février à Paris.

" Nous sommes dans une dynamique positive ", s'est félicité Geoffroy d'Evry, le président de l'UNPT. Il reste cependant prudent. Si le secteur peut se " réjouir des bonnes nouvelles, des annonces de construction d'usines, il faut accompagner les marchés (...) L'horizon des nouveaux outils industriels est à 2028-2030. Il ne faut pas devancer cette attente au risque de faire effondrer le marché ", a-t-il dit. D'où la volonté de l'UNPT de préparer cette évolution. " Horizon 2030 : comment bâtir une filière pomme de terre attractive ? " était le thème de l'AG. La demande mondiale de pommes de terre est en pleine croissance. La production mondiale de pommes de terre a augmenté de 50 % au cours des 60 dernières années, a rappelé Diane Mordacq, chargée de projets au Club Demeter. Seulement 4 % de cette production mondiale, estimée à 375 millions de tonnes (en 2022), est échangée. Ce volume d'échanges est appelé à se développer. " Tout le monde a accès à des frites ", constate Diane Mordacq. Des chaînes de restauration rapide comme McDo ou KFC contrôlent un parc mondial de, respectivement, 40 000 et 140 000 restaurants. En France, " 78 % des assiettes de nos restaurants (hors fast-food) sont servies avec des frites ", annonce Bernard Boutboul, président du cabinet Gira.
Marché de croissance
Pour répondre à cette demande mondiale, " les usines s'installent sur les lieux de production ", constate Alain Dequeker, secrétaire général de l'UNPT. En France, les producteurs de pommes de terre doivent relever plusieurs défis. " Les coûts de production augmentent, rappelle Alain Dequeker. Et le plant reste la plus forte charge ". Il y a aussi le défi climatique : " Il est impossible que toute la production européenne de pommes de terre soit irriguée ". D'où la nécessité d'avoir de nouvelles variétés de pommes de terre résistantes au stress hydrique. Alain Dequeker est également revenu sur le problème du traitement des plantes. " On a perdu 3 molécules en 2024. On en perdra encore en 2025. Il est de plus en plus difficile de combattre le mildiou ", s'est-il inquiété. Sans oublier les risques de nouvelles maladies. " Nous sommes dans un marché de croissance, mais une croissance, ça se pilote ", a poursuivi Geoffroy d'Evry. Le président de l'UNPT a appelé l'ensemble de la filière à " travailler dans une bonne cohérence. Nous devons être organisés ". Attention aussi " à ne pas perdre en compétitivité au risque de perdre des parts de marché parce que nous nous serons fixés trop de contraintes ", a-t-il conclu.