Lin : arrachages compliqués, mais une récolte qui s'annonce correcte.
Avec toute l'eau tombée cet été, les arrachages de lin ont pris du retard, d'autant plus qu'une partie d'entre eux étaient versés.
Près de la moitié des lins récoltés
« Nous ne sommes pas au bout de la récolte, et nous avons sur le département tous les cas de figure possibles, du lin déjà enroulé, d'autres parcelles seulement arrachées la semaine dernière... Il est donc un peu prématuré de faire un bilan, plus ou moins 50 % des lins sont récoltés. Toutefois la filière lin se veut positive et estime une récolte correcte cette année », précise Jacques Fauvel, président de la section Plantes à fibres de la FNSEA27.
Un bon point tout de même avant d'avoir des éléments tangibles de la récolte 2021, la dynamique du marché. Après la crise sanitaire compliquée à gérer, le marché s'est très bien repris et plus rapidement que prévu, grâce à la demande dynamique des Chinois. La demande en 2022 pourrait retrouver son bon niveau de 2019. « Nous avions encouragé nos liniculteurs à diminuer leurs surfaces, le marché s'est bien rééquilibré. Les perspectives sont encourageantes », explique Jacques Fauvel.
800 à 1 000 ha de lin non récoltables dans l'Eure
Comme en 2020, la récolte du lin vit encore une saison compliquée. Les orages du printemps et les importantes précipitations qui se sont abattus sur les régions productrices ont fortement impacté la production. Si une grande partie des lins devraient être valorisés normalement, plusieurs centaines d'hectares ne seront pas « teillables » ou ne pourront tout simplement pas être récoltées.
Outre la perte économique importante, les lins au champ non récoltables posent de réelles difficultés à l'ensemble des producteurs concernés qui se retrouvent sans solutions techniques pour détruire ces lins endommagés, avec toutes les conséquences que cela implique pour l'implantation des intercultures et des cultures suivantes.
La réglementation relative à la conditionnalité des aides PAC et plus récemment, le décret du 6 janvier 2020 interdisent le brûlage des résidus de récolte. Cette interdiction concerne notamment le lin, le chanvre. Si la mesure conditionnalité vise à favoriser le retour de la matière organique dans le sol, le cas du lin doit, à notre sens, « être apprécié différemment des autres résidus de récolte », justifie Jacques Fauvel. En effet, le lin, arraché et non coupé, est toujours exporté totalement et ne restitue dès lors, aucune matière organique au sol.
Les lins versés, restés au sol, non exploitables, n'ont aucun débouché. Techniquement impossible à enfouir, la destruction au champ semble la solution la plus adaptée, l'AGPL et la Fnsea27 ont donc sollicité le préfet de l'Eure pour permettre aux producteurs, confrontés à de telles impasses, d'en sortir, et permettre leur destruction par brûlage.